illustré par Jean-Paul Ladouceur
Les heures bleues
124 pages
Résumé:
Ces carnets nous présentent deux visions de la campagne québécoise. D'une part, celle d'un artiste exceptionnel, Jean-Paul Ladouceur, dont le médium préféré fut toujours l'aquarelle qu'il pratiqua avec une virtuosité sans pareille jusqu'à son décès en 1992. D'autre part, celle d'un écrivain reconnu, François Barcelo, qui est devenu campagnard cette année-là et qui raconte avec humour (en prose et en vers) les grands plaisirs et les petits désagréments de la vie à la campagne. Pourtant, sans s'être concertés, les deux auteurs de ce livre offrent ici de nos champs et nos villages deux visions qui n'en font qu'une, à la fois paisible et vivante, idéale et réelle, fragile et éternelle.
Mon commentaire:
François Barcelo est un écrivain prolifique. Humour noir, roman policiers, livres pour la jeunesse, récits de voyage, romans pour adultes et aussi, Carnets de campagne. Ces carnets sont ceux d'un citadin, qui s'est exilé à la campagne. Il nous relate, à travers les événements de son village, la vie quotidienne dans nos campagnes. Barcelo écrit de la Montérégie. Il pourrait parler n'importe quel coin de pays rural tant ce qu'il relate fait parti de ce que les gens de la campagne vivent au quotidien. Étant dans la même situation que l'auteur - une citadine exilée et se plaisant à la campagne - je me suis sentie particulièrement interpellée par ces carnets.
L'auteur, tel qu'on le connaît, a une plume franche et beaucoup d'humour. Dans ces Carnets, c'est un véritable hommage à la vie rurale qu'il nous décrit, teinté d'humour, de poésie et d'un grand amour pour son coin de campagne.
Le volume est d'abord séparé en différentes catégories: la terre, les flots, les paysages, les plantes, les fleurs, les bêtes, les maisons, les jours, les jeux, les saisons, l'hiver, les objets, les travaux, les champs, les fermes, le passé, et la fin, qui est un hommage vibrant au plaisir de vivre à la campagne. Pour chaque partie, un récit d'anecdotes propres à l'auteur et à sa découverte de la campagne nous est raconté. Les magnifiques illustrations campagnardes de Jean-Paul Ladouceur nous accompagnent au fil des pages. Après le récit, suivent des rimes (qui s'apparentent à des haïkus un peu plus libres de style).
Dans Carnets de campagne, tous les aspects de la vie à la campagne, vu par un citadin qui y vit et s'y est installé, sont abordés. On sent l'amour et la passion de la campagne dans les anecdotes et les rimes de Barcelo. Je m'y suis moi-même retrouvée. La vie, telle qu'il la décrit, est bien la vie pour laquelle j'ai déserté la ville au profit de la campagne. Certains textes me touchent plus particulièrement. L'auteur a su mettre le doigt sur ces aspect journaliers de la vie en campagne, qui sont de pures merveilles aux yeux du citadin qui décide d'y vivre. Ses mots sur l'enfance à la campagne sont ceux que j'aurais pu moi-même écrire tellement ils sont vrais et relatent tout à fait ce que je peux ressentir.
Carnets de campagne est vraiment un livre magnifique, il transpire la beauté et la passion pour un lieu bien de chez nous, tout comme l'ouvrage de Gilles Matte que j'ai lu récemment: Carnets des îles de la Madeleine. De plus, les aquarelles de Jean-Paul Ladouceur transmettent à merveille la vie à la campagne, une vie où on a le temps et où les jours s'écoulent doucement.
Carnets de campagne est un livre à découvrir pour tous les amoureux de la vie rurale, qu'ils en soient natifs ou qu'ils l'aient, tout comme moi, adoptée avec coeur.
À noter que ce livre a remporté le Grand prix du livre de la Montérégie en 2003.
Quelques extraits:
"J'aurais aimé grandir à la campagne
Nourrir les poules et voir naître les veaux
Avoir mon chien, traire nos vaches
Aller à cheval ou conduire le tracteur
Et n'avoir aucun besoin de rime ou de rimette
Pour savoir à quoi rime le monde autour de moi." p.12
"La vie à la campagne présente deux grands inconvénients. Le premier est immédiatement évident. On devrait même sans douter bien avant d'y déménager: on est loin de tout. Des cinémas, des théâtres, des magasins, des gens qu'on aime. Par contre, cet inconvénient là est amplement compensé par l'avantage qui l'accompagne infailliblement: on est loin de tout. Du bruit des autobus, de la chaleur étouffante, des files d'attente et des gens qu'on déteste." p.27
"Quelle différence y a t-il
entre les objets des villes
et les objets des champs?
Ceux des villes ne sont pas moins utiles.
Mais on ne leur laisse pas le temps
de vieillir tranquillement
comme les choses et les gens
qui vivent près des champs." p.84