La fête des bateaux-dragons ou duān wǔ jíe (端午節) est une fête chinoise marquant l'arrivée de l'été et la saison des épidémies. Elle a lieu le cinquième jour du cinquième mois lunaire, fin mai ou début juin dans le calendrier grégorien (date mobile). Les nombreuses pratiques qui y sont associées ont pour but de conjurer les démons des maladies par :
* la confection de petits sachets de tissu (xiāng bāo 香包) remplis d'une poudre censée protéger contre les maladies l'enfant qui le porte au cou ;
* la décoration de la porte d'entrée avec des herbes protectrices (chāng pú, 菖蒲, et armoise, ài cǎo, 艾草) et l'effigie d'un dieu pourfendeur de démons, Zhōng Kuí.
La tradition veut que ce jour-là, lorsque le soleil arrive au zénith, l'énergie yang (陽) (celle du couple yin-yang qui est associée à la chaleur et à la lumière) atteigne son apogée. C'est, le seul moment de l'année où on peut aisément faire tenir un œuf debout sur sa pointe, jeu auquel se sont exercées avec plus ou moins de bonheur des générations d'enfants chinois.
Mais la coutume la plus remarquable reste les courses de bateaux en forme de dragon mûs par une équipe de rameurs. La légende qui relate l'origine de cette coutume la fait remonter bien avant l'empire, à l'époque des Royaumes combattants (戰國時代). Un ministre du roi de Chu (楚國), Qu Yuan (屈原), poète à ses heures (on connaît effectivement des poèmes qui lui sont attribués), se serait jeté dans la rivière Miluo (汨羅江) de dépit de voir ses conseils négligés et son dévouement au pays mis en doute. Il se serait donc noyé, mais pour pouvoir au moins repêcher son cadavre intact, les riverains qui le tenaient en grande estime auraient jeté dans l'eau du riz emballé dans des feuilles de bambou pour tenir en respect les poissons. On mange encore de nos jours ces feuilles de bambou farcies, appelées zongzi (粽子), pour célébrer la fête.
On pense en général que la coutume des courses de bateaux dragons est originaire du sud du Chang Jiang (長江), et que la légende de Qu Yuan reflète le fait qu'à l'origine la noyade d'un ou de plusieurs participants était requise pour que le rite obtienne le résultat escompté.