L'odeur fraiche des agrumes se glisse par la fenêtre entrouverte de la cuisine de Danièle et finit par nous décider. La musique envoutante du très réussi (et très engagé) film d'Eran Riklis résonne à mes oreilles alors que je grimpe dans le citronnier pour enfin y cueillir ses fruits. La branche principale ploie, grince légèrement, les feuilles bruissent tandis que les citrons se détachent avec un bruit sec de leur base. Le voisin s'y met aussi et nous les lance depuis la cime.
Avec les oliviers, les citronniers sont parmi les arbres les plus emblématiques de l'Orient. Dans les maisons de toute la région, on les presse, on les cuit, ou encore on les conserve dans de la saumure, recouverts d'huile d'olive. Les citrons dits "baldi" comme un symbole de paix? C'est le pari d'une des ONG politiques les plus respectées qui milite pour la coexistence, dont la publication "Bitter Lemons" en a pris le nom!
Les citrons sont d'abord tranchés et couverts de gros sel, parfois mélangés avec des carottes, puis tassés dans un bocal en verre à l'aide d'un poids qui en quelques heures presse leur jus sans abîmer leur chair. On ajoute ensuite l'huile d'olive qui permet leur conservation plusieurs semaines au frais, tandis qu'ils macèrent dans leur jus avant d'être utilisés en tajine ou en salade. Le qualificatif lui-même "baldi" est issu de l'adjectif "baladi" qui en hébreu comme en arabe veut dire "du pays", ou plus littéralement, du bled...