Aux petites heures du matin, la chaleur se fait déjà suffocante. Passé le checkpoint, le panneau pointe vers le sud et indique: -417 mètres - le point le plus bas du globe. Sous ses cristaux de sels scintillants, la mer Morte est turquoise, luisante tandis que ses vapeurs se dispersent à tous vents. Enveloppée de sa brume salée, elle ronge encore un peu ses plages désertées.
Dépassés par une troupe d'ibex bondissants, nous commençons l'ascension des sources d'Ein Gedi. Les flots turbulents des cascades ondulent et tranchent les monts rouges de Judée d'une cicatrice vert tendre, signe de vie. Le jeune David s'y serait caché de Saül et la légende raconte qu'une araignée aurait alors dissimulé sa cache en tissant pour lui une toile protectrice. Entres jujubes et acacias, entourés d'un paysage lunaire, caillouteux, la piste s'élève entre chemins de poussière et marches millénaires.
Sur les sentiers bibliques d'Ein Gedi, de la mer Morte aux gorges encaissées des montagnes de Judée... Pour voir les photos en grand il faut cliquer!
Commence alors la longue descente vers le flanc opposé du ravin et le sentier moins arpenté de Nah'al Arugot. Le chemin s'enfonce dans les creux de la faille rocheuse et serpente entre ses blocs pierreux. Entre deux roseaux croasse une grenouille, bercée par le délicat bruissement des herbes folles. Les dunes semblent très loin, les libellules ouvrent la voie.
D'un réservoir d'eau à l'autre, nous glissons sur les rochers polis par le courant jusqu'à enfin la trouver. Après une journée de marche, nous arrivons finalement à la cascade cachée, émouvante de majesté. L'eau surgit du roc, fraîche, limpide, si pure qu'on la boit à même la paroi...