"En raison d'un ordre de censure, nous ne publions pas ce que nous savons. En raison de notre paresse, apathie et foi aveugle en l'institution militaire, nous ne savons rien du tout."
Même la satire a un goût acide. Le journal Maariv titre aujourd'hui en grandes lettres rouges. A gauche, Ha'aretz s'insurge. Yedioth Ah'ronot, le quotidien le plus lu d'Israël se rebelle à sa droite. Nos journaux sont censurés, ils s'estiment lésés dans leur bon droit et ils ont bien raison. Avant d'ouvrir les tirages du jour, personne n'était jusqu'ici au courant. Nous buvons le jus de complot qui transfiltre des lignes noires des journaux d'aujourd'hui comme du petit lait.
Elle s'appelle Anat Kam, elle était soldate de jour, et journaliste de nuit. Une Clark Kent inversée, en version hébraïque et digitalisée. Son uniforme lui a permit de mettre la main sur des informations opérationnelles classifiées - photographiées, manipulées, recopiées puis publiées par le journal Haaretz. Entre trahison et devoir d'informer, la ligne est parfois ténue... et vite franchie. Elle est aux arrêts. Un journaliste du plus grand journal israélien s'est lui exilé à Londres.
Mais voilà, impossible de vous en dire plus. La censure militaire certes est inévitable dans un pays aussi exposé qu'Israel, et nos médias sont férocement critiques mais responsables. Nos journalistes sont eux-mêmes soldats 40 jours par année. Nous sommes un petit pays, les gens parlent, les secrets s'ébruitent, mais il n'est jamais venu à personne de contourner le censeur militaire. Il n'y avait aussi jamais eu d'abus. Jusqu'à aujourd'hui. En raison d'un ordre de censure donc, je ne vous raconterais pas ce que j'ai lu mais je n'en pense pas moins...