Cela fait plusieurs fois que je fais référence à la géohistoire, mais je m'aperçois que je n'en ai jamais parlé. Voici donc un petit texte qui vous donnera quelques pistes.
Géohistoire : le mot fut inventé par Braudel en 1949 mais finalement ne fut pas retenu par lui. Cette discipline, à mi-distance de l’histoire et de la géographie, s’intéresse à l’adéquation entre les espaces et les hommes :
- non seulement à l’influence des espaces sur les hommes (option plus géographique),
- mais aussi au redécoupage des espaces par les hommes (option plus historique),
- et surtout à l’identification d’un espace à une population donnée : les habitants d’une terre devenant, en quelque sorte, les propriétaires symboliques de cette terre et les héritiers naturels de tous ceux qui y ont vécu.
C’est donc bien plus qu’une géographie historique ou qu’une histoire géographique. C’est, au minimum, une géographie du temps long qui invite à se méfier des « déterminismes », qu’ils soient historiques ou géographiques.
Dès lors, on relativisera d’emblée l’illusion que l’on peut avoir d’une identité entre le peuplement de la France contemporaine et les populations qui se sont succédé sur cette même terre ; et simultanément, on pourra accepter une certaine continuité, même si celle-ci n’est pas aussi « évidente ». Autrement dit, on s’est longtemps gaussé des instituteurs coloniaux qui enseignaient « nos ancêtres les Gaulois » aux populations indigènes, mais sans vraiment remettre en cause la validité globale qu’avait cette assertion en métropole. Or, s’il y a une grande part d’erreur quand un Français contemporain affirme « nos ancêtres les Gaulois » il y a simultanément une part de vérité.
C’est en tenant compte de ces nuances qu’on pourrait ébaucher une géohistoire de la France et affirmer que si la France n’est pas seulement l’espace géographique sous la souveraineté de l’Etat, elle n’est pas non plus circonscrite à la seule construction de « l’histoire de France ».
réf :
- ON lira ce petit article de Grataloup, qui est le réinventeur de la géohistoire, qu'il lie beaucoup à la mondialisation.
- Voic d'ailleurs uen fiche de lecture de sa "géohistoire de la mondialisation".
- Voir aussi cette fiche de lecture du livre d'Alain Reynaud, paru en 1992, "La Chine des printemps et des automnes" qui est la première "géohistoire" connue.
O. Kempf