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A Bordeaux, Bayrou s’allie à Juppé

Publié le 14 décembre 2007 par Willy
A Bordeaux, Bayrou s’allie à Juppé
Par http://www.liberation.fr/

LAURE ESPIEU QUOTIDIEN : vendredi 14 décembre 2007

Il n’est pas question d’«accord». François Bayrou est tatillon sur la sémantique. C’est donc un «partenariat». Hier, le président du Modem était à Bordeaux pour officialiser l’union de son tout jeune parti avec Alain Juppé (UMP), en vue d’une liste commune aux municipales. L’affaire n’était plus un secret, les discussions entre les deux hommes s’étant engagées dès avant l’été. Il n’empêche que si ce mariage n’a rien d’inédit à Bordeaux, où l’UDF est à la botte de l’UMP depuis toujours, il contraste singulièrement avec le discours d’autonomie et d’indépendance du Modem.

Alliance. Pour justifier cette entorse, François Bayrou met en avant ses «liens familiaux et de jeunesse avec la ville». Et c’est par souci d’intérêt général qu’il soutient celui qui est avant tout «un bon maire pour Bordeaux». «Je suis dirigé par deux sentiments, explique-t-il. Le premier, ce sont les qualités humaines d’Alain Juppé, un homme qui peut donner l’impression de rapports abrupts, mais dont je sais qu’il a bon cœur. Le deuxième, c’est que mes amis membres de l’équipe municipale ont fait du bon travail et ne voulaient pas se désolidariser.»

François Bayrou ne dit pas qu’entre Alain Juppé et Alain Rousset, le candidat de gauche, le Modem aurait de toute façon eu assez peu d’espace. Il n’explique pas non plus comment les centristes ont monnayé leur alliance. Dès novembre, ils avaient mis sur la table un «projet pour Bordeaux» que Juppé a accepté intégralement. «Mais la négociation a été dure», assure le responsable départemental du Modem, Joan Taris. Le Modem espère en particulier doubler ses sièges au conseil municipal. Un accord a aussi été passé sur les mairies de la communauté urbaine (CUB), pour lesquelles il devrait obtenir au moins quatre têtes de liste. Et, pour les cantonales, l’UMP a déjà sacrifié trois de ses représentants au profit de son «partenaire» (dont l’un sur la ville de Bordeaux, ce qui n’était pas arrivé depuis soixante ans). «Ce n’est plus une union uniformisante», pointe Joan Taris. A la CUB comme au conseil général, «le Modem aura désormais des groupes autonomes». Pour Juppé, dont les municipales engagent la survie politique, il n’y avait pas d’autre choix que d’accepter. Avec 20 % des voix à Bordeaux lors de la présidentielle, Bayrou sait qu’il est «la clé de l’avenir». «Mais il n’y a rien d’intéressé de ma part», affirme-t-il, écartant toute «démarche de compromission». Et Bayrou de jurer qu’«il n’y a pas de troc Bordeaux contre Pau». Quant à un renvoi d’ascenseur pour les régionales de 2010, officiellement, il ne s’en soucie pas : «Je ne dis pas qu’il n’aura pas lieu, je n’en ai aucune idée.»

«Equilibre». Reste que Juppé, lui, sera redevable d’un très joli cadeau. Pour le moment, son créancier savoure. Et joue les grands horlogers. «Avec Alain Rousset à la présidence de l’Aquitaine, c’est une affaire d’équilibre des responsabilités. Autant qu’on ait les deux. Les trois, si je me projette au sud de la région.»


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