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Tour de France : Claire Pedrono vous présente l'ardoise !

Publié le 05 juillet 2010 par Jeanpaulbrouchon

Ardoisière du Tour Cette jeune fille a été choisie pour être l’ardoisière de la Grande Boucle. C’est la première fois qu’une femme officie à ce poste stratégique où elle est chargée de communiquer les écarts aux coureurs.

 

« On m’aurait mis dans un gros nounours à balancer des crayons au public, j’aurai été ravie : cela fait quatre ans que je postule à un emploi sur le Tour. » La chance sourit toujours aux audacieux. Claire Pedrono est de cette race-là. Au début de l’année, Christian Prudhomme, le directeur du Tour, vient donner une conférence dans le Morbihan, sa terre d’élection (elle est née à Auray). Elle se jette à l’eau : « Si ce n’est pas là, ça ne sera jamais. J’ai pris mon courage à deux mains, je lui ai expliqué mon cas et je lui ai donné mon CV, raconte Claire Pedrono. Un peu plus tard, Laurent Bezault, l’un de ses adjoints, m’a contacté et m’a parlé du poste d’ardoisière. »
Abandonner n’est pas dans les gênes de cette championne qui s’est classée 4ème au Championnat de France de cyclisme sur piste en 2002 et qui peut avaler « 100 bornes » à l’entraînement. « Mon père a toujours aimé le vélo, j’ai un frère compétiteur, j’allais le voir courir. Et un jour, j’ai eu le virus. J’ai participé à la Grande Boucle féminine 2005, mais je n’ai rien fait de sensationnel : j’ai chuté le deuxième jour dans une descente de col et je n’étais pas loin du ravin. C’était très dur, mais j’ai été jusqu’au bout : je n’aurai jamais abandonné », insiste-t-elle.

Claire Pedrono, petite brune piquante de 25 ans, au caractère bien trempé et au CV bien garni (Bac + 5 et master finance) est donc la première femme de toute l’histoire de la Grande Boucle à tenir le rôle d’ardoisier, engoncée dans la combinaison jaune du Crédit Lyonnais, juchée à l’arrière d’une grosse moto qui se faufile très rapidement (avec parfois des pointes à 140km/h !) dans la cohorte des coureurs, des suiveurs et des officiels dans un bruit infernal. En trois semaines, elle va avaler 3596 km avec le peloton ! Un univers d’hommes – bannies par Henri Desgranges, les premières femmes à suivre le Tour furent trois journalistes de « L’Humanité », en 1935 - qui ne l’émeut nullement : « Cela ne m’impressionne pas du tout : j’ai été éduquée et je me suis construite dans ce milieu macho, ça fait douze ans que ça dure. »

Claire Pedrono a découvert le job et le milieu pro au Tour de Picardie au mois de Mai où on l’a testé. Examen réussi : « Je ne fais pas de moto, mais j’aime la vitesse et je n’ai pas du tout peur. On m’a seulement conseillé de bien attacher l’ardoise à mon poignet pour ne pas la perdre, de bien marquer les numéros de dossards et d’écrire lisiblement. » Et de bien tendre l’oreille à l’écoute de « Radio Tour » qui transmet les temps. « Après, c’est à mon entière discrétion d’aller et venir et de brandir mon ardoise au peloton ou aux échappés. »

Le 30 juin, sans états d’âme, ni appréhension, elle a quitté la banque qui l’employait pour rejoindre la ligne de départ, à Rotterdam. « Je pars l’esprit tranquille, je ne me tracasse pas du tout. Mon avenir ? On verra après le Tour », dit-elle, sûre et confiante dans son avenir. Aujourd’hui, il n’y a que le Tour qui compte. Ses favoris ? « Je n’en ai pas. J’aime les caractères audacieux et qui se démarquent comme ces courageux qui font la course devant et qui se font reprendre deux minutes avant l’arrivée. » Sûr que Claire Pedrono sera dans leur roue…

Philippe de La Grange


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