Une recherche avouée du mot juste, un vocabulaire hallucinant, une écriture très lucide utilisant l’italique et le gras pour accentuer sa pensée, une misanthropie élaborée, un cynisme défaitiste et suicidaire, Prenoveau nous transporte dans l’univers de la haine, la haine de l’autre. Depuis son enfance sur cette petite maison de briques rouges à Saint-Vincent-de-Paul, cette recherche de tendresse, d’amour qui lui sera interdit, sa relation avec ses parents, son père qu’il nous décrit la disparition : Mon père qui s’était esbigné en l’espace de six semaines dans ce centre préfunéraire, véritable bouche d’égout du monde où la vie vous évacue de son univers de souffrance et vous renvoie fatalement dans le néant éternel. Cette femme qu’il, finalement, pardonnera sa carence affective : Ma mère s’était débrouillée comme elle avait pu, en usant du peu d’outils dont elle avait hérité de ses origines misérables et de son passé familial instable. Je ne pouvais lui attribuer mon propre dysfonctionnement social, mon mal de vivre.
Un premier roman de Prenoveau à ne pas manquer, percutant, abasourdissant, un humour grinçant, noir, qui égratigne, aussitôt parvenu à la dernière page, l’envie de recommencer ce voyage, d’y déceler d’autres passages qui auraient échappé, de savourer encore ces phrases racoleuses. Et je termine avec ce passage qui résume bien cette courte complainte : L’amour tant attendu n’était qu’un leurre, aromatisé à la fleur d’angoisse et aux brisures d’espérance, échafaudé par mon subconscient afin de me permettre de survivre durant toutes ces années.
Eh oui, le titre est un mensonge.