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Yoshinori Kono : l’anti-stage de l’excellence

Publié le 05 juillet 2010 par Ivan

yoshinori-kono-bruxellesTrois jours avec Yoshinori Kono Senseï, un véritable rêve. C’est ce qui m’est arrivé fin juin grâce aux masters class qui débordent maintenant de leur cadre parisien en allant jusqu’à Valence et Bruxelles. La rencontre avec un tel maître laisse toujours des traces, mais pas seulement.

J’avais déjà eu l’occasion de rencontrer Yoshinori Kono Senseï l’année dernière (voir mon compte-rendu de l’époque) et il m’avait fait une énorme impression. Le risque lorsqu’on emballé par une personne, c’est d’être déçu la fois suivante. Mais avec un maître de la stature de Kono Senseï, je suis retombé les deux pieds dans un véritable rêve éveillé. De plus, nous avions échangé beaucoup de regards lors de son premier passage et il a dû me reconnaître car j'ai servi de uke une bonne trentaine de fois cette fois-ci, à mon plus grand plaisir.

 

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Cette déclaration est un peu emphatique, mais elle n’est possible que si l’on comprend et accepte un certain nombre de pré-requis. Le stage avec Kono Senseï n’en est pas un, c’est même un anti-stage. Il montre et enchaîne rapidement toutes sortes de techniques, généralement une bonne dizaine avant de laisser les pratiquants présents s’entraîner. Du coup, chacun fait un peu ce qu’il peut et tente de répéter la technique qu’il veut, ce qui donne au tatami l’impression d’un joyeux désordre. Ceci est particulièrement perturbant pour les nouveaux arrivants qui le découvrent pour la première fois. Mais il faut se rappeler que Kono Senseï n’est pas un enseignant, qu’il n’a pas d’école avec des élèves à part son fils Harinori qui le suit partout. C’est avant tout un chercheur, un chercheur de terrain qui n’hésite pas à mettre partout ses théories en pratique. C’est également un chercheur qui étudie avec les plus grands universitaires sur des thèmes bien précis. Enfin, c’est un enseignant uniquement dans le sens où il participe à des séminaires pratiques et partage ses connaissances aussi bien avec les forces de sécurité, de secours, des danseurs, des musiciens, des sportifs et bien sûr des pratiquants d’arts martiaux.

 

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(j'essaye de couper la cuisse, la réplique au bô est fulgurante)

Le stage semble souvent décousu, mais en fait tout ce qui est montré par Kono Senseï forme un tout cohérent. Toutefois, son savoir encyclopédique le fait passer allégrement du kenjutsu au taijutsu, de la naginatajutsu au shurikenjutsu, en passant par l’étude des postures, des muscles, etc. Il aime rien tant que lorsque les pratiquants lui posent des questions. Si en France (à Herblay) le stage s’est passé dans une discipline impeccable, en revanche les questions n’étaient pas très nombreuses. En revanche en Belgique (Bruxelles), nous n’avons quasiment rien fait pratiquement parlant tant les questions étaient nombreuses. Ici les gens sont moins à cheval sur l’étiquette, et le stage regroupait tout ce qui compte comme pratiquants et professeurs de qualité de la région.

 

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(HP, excellent professeur d'aïkido de Rixensart)

J’avais pour l’occasion fait venir deux amis qui sortent du cadre martial. L’un est mon collègue de shiatsu et l’autre la championne européenne de tir à l’arc de compétition. C’était non seulement une occasion pour eux de changer d’univers et d’obtenir des réponses, et d’autre part pour moi de tester un peu Senseï lorsqu’on parle d’autre chose que d’arts martiaux. Le résultat fut à la hauteur. Mon amie tireuse à l’arc est une athlète de haut niveau, avec tout ce que cela suppose de musculature et de volonté. En testant les techniques enseignées, elle se demandait si on ne lui faisait pas un peu trop plaisir. Elle était surprise de développer autant de puissance avec si peu. En posant une question spécifique sur le tir à l’arc, Kono Senseï s’informe immédiatement du type d’arc, de la position de la flèche, des doigts utilisés et de la position de la main. Il réexplique le mouvement des muscles sous-scapulaires pour tenir les épaules basses et ne pas forcer, et lui donne comme piste de travail de changer la position de certains doigts. Elle est repartie avec pleins de nouvelles idées à expérimenter. Mon collègue de shiatsu lui demande alors comment faire un massage de qualité. Je me jette au sol pour faire le cobaye et ressentir sa pression. Là encore, il nous explique que tout se fait dans le travail des épaules et des omoplates, puis qu’il faut appliquer un mouvement à partir du ventre, tout en relâchant celui-ci au maximum. Ses doigts appuient légèrement, puis un peu plus, mais pas tellement. A ma grande surprise, le massage n’était pas puissant, mais très doux. Et pourtant, 20 minutes après cet exercice, je sentais encore physiquement ses doigts aux endroits où il avait appuyé. Cette expérience m’a beaucoup surpris car c’est une approche différente de mon maître de shiatsu. Je suis ressorti encore plus convaincu de l’immensité du savoir faire de Kono Senseï.

 

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(je reçois un shiatsu d'une très grande qualité)

Cette fois, j’ai bien compris que tout ce qu’il montre tient en quelques principes clés : l’utilisation de la chaîne musculaire arrière, le travail des omoplates et des épaules, le travail du corps flottant au moment de l’application des techniques, la suppression d’appui au lieu de l’augmentation de la force afin de gagner en puissance et rapidité, le relâchement permanent des genoux et de la mâchoire et la position de la main « te katana » pour toutes les techniques.

 

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(Isseï Tamaki et Yoshinori Kono, à droite moi même et juste derrière Stéphane Crommelynck)

Il m’a fallu 15 jours pour redescendre de mon nuage. Et je garderai comme un diamant ces moments passés avec lui, car ils me nourrissent et me donnent enfin la sensation de toucher à ce qui est précieux dans les arts martiaux : la compréhension intime du corps. Pourvu qu’il revienne…

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(pratiquer avec Yoshinori Kono, un rêve éveillé)

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Deux autres articles sur ce stage de Stéphane Crommelynck : http://www.sakuradojo.be/blog/?p=3309 et http://www.sakuradojo.be/blog/?p=3350

Merci à Philippe Banaï pour les photos.


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