L'affaire Woerth déchaîne évidemment les commentaires acides à l'heure actuelle. On conspue la classe politique, et il est de bon ton de déclarer que les hommes politiques ne méritent pas notre confiance.
Je tends à penser, pour ma part, que les peuples ne sont jamais tout à fait innocents. J'irais même jusqu'à dire que, jusqu'à un certain degré, ils méritent les dirigeants qu'ils ont.
La fraude, la collusion d'intérêts, sans être un sport national, comme dans certains pays, touche en réalité de larges fractions de la population. Tout le monde s'y colle dès lors que ses intérêts sont en jeu. Évidemment, un régime républicain devrait faire de la vertu la pierre angulaire de ses fondations. Nous sommes sans doute loin du compte, et il convient de ne pas passer l'éponge là où la morale est soupçonnable. De là à agonir notre classe politique de tous les vices, il y a un pas que je ne franchirai pas. Il suffit de considérer l'absence de scrupules, le sans-gêne du quidam ordinaire pour comprendre comment le pays en arrive là . Quand il y a une crise des valeurs, malheureusement, elle est générale et couve de longue date au sein de la population.