[Critique DVD] Océans

Par Gicquel

«  Océans » de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud ( Pathé )

Sortie cinéma 27 janvier 2010
En dvd le : 7 juillet 2010

Le film

4 out of 5 stars

Les bonus

5 out of 5 stars

Jacques Cluzaud et Jacques Perrin, les deux réalisateurs

Liliane Bettencourt connaît  les bons  placements financiers  , et ses intérêts conséquents. L’actualité nous le rappelle en ce moment tous les jours, et son nom au générique de «  Océans » le confirme. Elle fait partie des nombreux donateurs qui avec EDF, la Fondation Total et autre Veolia , a permis à ce petit chef-d’œuvre de voir le jour .

Grâce lui soit rendue, mais justice, il faudra patienter. Dans cette attente, et à l’été balbutiant la sortie dvd du film de Jacques Perrin tombe à point . Après « Le peuple migrateur » l’acteur-réalisateur  récidive en compagnie de Jacques Cluzaud dans une veine quasi identique. Mais au documentaire animalier, il préfère cette fois nous raconter l’histoire de la terre , vue de la mer, en répondant à la question d’un enfant( Lancelot Perrin) : «  c’est quoi l’océan ? »

Le  commentaire est parfois pesant, lourd de menaces, sur la main mise de l’homme , une main meurtrière qui rejette un bébé requin à qui l’on a coupé la queue et les ailerons . Dans  le genre  il ne faut pas manquer l’excellent documentaire «  The cove » ( dans ce blog ) sur le massacre des dauphins au Japon.

Une fois cette réserve assumée,   « Océans » est un bonheur d’intelligence , un opéra tragique et merveilleux où des espèces de poissons venues d’une autre planète , d’une autre époque se révèlent à notre regard hébété.

On croit les avoir déjà aperçus , ces dauphins en rangs dispersés, dansant sur les vagues au rythme d’une musique empoulée. Mais la chorégraphie est tout autre, comme cette pluie d’oiseaux qui déchire la surface de l’eau pour s’enfoncer au cœur d’un tourbillon de sardines .Un autre ballet , le  début d’un extraordinaire voyage  dans les recoins des profondeurs où l’équipe de Jacques Perrin recense des espèces inconnues , des couleurs mirifiques et des confrontations inimaginables.

Certaines scènes sont guerrières pour des bébés tortues arrachés à leurs premiers pas par des oiseaux voraces ; d’autres évoquent l’amour et la félicité. Et le requin tombe le masque,assure Jacques Perrin«  quand entre les espèces , des relations parfois surprenantes se mettent en place. Le prédateur peut-être protecteur, et le plus petit indispensable au plus grand ». Les exemples fourmillent, on ne s’en lasse pas .

Vous filez maintenant à 10 nœuds au cœur d’un banc de thons en chasse, vous côtoyez  le grand requin blanc avant d’admirer des poissons masqués comme pour une représentation de la commedia dell’arte. En rejoignant la terre ferme , Jacques et Lancelot Perrin visitent  un musée avec des espèces disparues, à peine découvertes et éteintes à tout jamais . Le narrateur devient alors lyrique avec ses «  quelques pas pour parcourir des millions d’années d’évolution , anéanties en quelques décennies ».

LES SUPPLEMENTS

Un making of royal, à la hauteur de l’événement et des sept années nécessaires pour mener à bien un tel projet . Il a été conçu comme un film classique , avec ses séances d’écriture , l’établissement de story-board ( pas évident quand on ne sait pas comment les requins vont se positionner ) et une très grande imagination pour  la technique . «  Aucun instrument, aucune caméra n’existaient alors pour mener à bien notre opération » rappelle Jacques Perrin qui s’entoure de toute une équipe de spécialistes afin de concevoir des engins « qui permettent de regarder la mer autrement .Ils devaient nous permettre d’obtenir une nouvelle perception pour de nouvelles émotions ».

Parmi tous ces moyens de tournage inédits, il faut citer la grue Thétis que l’on suit de sa conception à son premier tour de manivelle, et aussi la torpille Jonas , afin d’approcher au plus près quelques poissons récalcitrants. Ce qui procure notamment  des gros plans assez fantastiques.

Des banquises polaires aux tropiques, au cœur des océans et de ses tempêtes, le tournage prendra plus de trois années pour nous faire redécouvrir les créatures marines connues, méconnues, ignorées. Ce making of est à lui seul une autre  et très belle aventure.

Interview de Jacques Perrin

Elle est bien évidemment à découvrir , surtout que l’auteur n’esquive pas l’aspect moralisateur que certains pourraient lui reprocher , et les enjeux d’un tel projet au milieu d’une quantité d’images sous-marines,  déjà fournies par le cinéma et surtout la télévision . On évoquera alors «  Le monde du silence » . Il en parle . Il est dans ce blog.