Une catastrophe naturelle, en voici une actualité taillée sur mesure pour le prisme médiatique, de surcroit lorsqu’elle est de l’ampleur de celle ayant eu lieu au large du Golfe du Mexique il y a quelques semaines de cela. Alors qu’à l’origine l’actualité a fait la une de tous les médias, qu’en est il au jour d’aujourd’hui ?
La question est légitime et revêt de nombreuses facettes d’étonnement. Voit-on à l’heure actuelle de nouvelles images de la catastrophe, en terme de conséquences ? A-t-on vu de nous même ce fameux trou bouché ? N’a-t-on pas majoritairement suivi la catastrophe à l’aide de reconstitutions graphiques, de schèmas, de reconstitutions ? Qu’en est-il des images inédites, tournées sur place et qui ne subissent pas le joug de BP ?
Toutes ces questions démontrent à quel point cette catastrophe est médiatiquement très intéressante. Les images d’une marée noire sont toujours dramatiques pour les sociétés mises en cause en terme d’image public. Oiseaux mazoutés, plages souillées, décors altérés durablement, le choc des images est toujours extrêmement puissant dans ce genre de cas.
Dans la situation qui nous occupe ici, la stratégie utilisé a été celle équivalente à une vitre teintée. Sous couvert de transparence (déclarations officielles, mises en cause publiques, excuses en tous genres) la situation a été très largement minimisée, je m’explique.
La catastrophe naturelle a dès le départ était déplacée vers le terrain politique et centralisée sur celui-ci. Cela fourni de l’information (les politiques et hommes d’importance s’emparent du problème), cela fourni de l’image également (retransmissions des conférences de presse, etc.). Même la présence d’Obama sur les plages relève de ce focus politique, délaissant le reste, à savoir les conséquences directement quantifiables.
Lorsqu’il s’agissait d’évoquer le terrain, le sujet était légitimement axé sur le trou dans la plateforme pétrolière à reboucher. Cependant pour l’illustrer, quoi de mieux que des simulations technologiques et ludiques afin de bien expliquer à chacun comment les grandes pontes de BP solutionnaient le problème. Dès lors, focalisant son attention sur cette opération délicate, les médias se sont scindés de l’emprise réelle, celle du terrain et des conséquences directes et visibles. Désormais, c’est l’aspect économique (indemnisations faramineuses et indices boursiers) qui vient refermer cet épisode délaissant unanimement les aspects écologiques, sanitaires et biologiques.
La catastrophe de BP qui, il faut le rappeler, est la plus grande catastrophe écologique au monde a ainsi ouvert la voie vers une actualité 2.0, portant l’actualité concrète une modélisation parfaite, contraignant la très grande majorité des médias à massifier leurs discours sur une documentation fournie par la voie officielle.
Dès lors, abreuvés d’informations officielles pendant toute la durée de l’exposition médiatique de cette catastrophe, l’ensemble des organes de presse ne trouvent plus d’intérêt à mettre de nouveau les moyens pour établir des constats sur le terrain, s’étant laissés amadouer par la félicité d’un travail prémaché.
Cet exemple, survenu au large de la première puissance économique et financière du monde, montre très clairement comment la puissance médiatique d’institutions telles que BP ainsi que les Etats-Unis réussissent à museler pour partie un problème d’importance capitale aux conséquences encore inimaginables.
Malgré tout, la cécité ne touche pas tout le monde et certains documents circulent sur l’internet et montrent en quelques minutes toutes les thématiques que les médias devraient dès à présent investir.
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Références : et pendant ce temps là ..., Réflexion Réactions de lecteurs