De la Mélancolie

Publié le 17 juin 2010 par Sébastien Michel
Les entretiens de la fondation des Treilles, les cahiers de la NRF
éd. Gallimard, 228 p.
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A la suite de l’exposition de Jean Clair Mélancolie, Génie et folie en Occident, les spécialistes se sont réunis à la fondation des Treilles.

Ce colloque a eu l’audace de confronter plusieurs disciplines à l’exercice de l’analyse de l’humeur mélancolique : médecin, psychiatre, historien de l’art, de la littérature, de la pensée grecque. Cette confrontation transdisciplinaire a permis de dégager les multiples avatars de la mélancolie : taedium vitae, spleen baudelairien, lypémanie, névrose. L’humeur noir a des désignations bien différentes selon l’histoire mais elle est, dit-on, toujours la trace d’un génie créatif. Cette maladie est ainsi devenue selon les mots de Jean Clair, « un topos de la littérature, de la musique ou des arts ». Et l’on se passionne ainsi pour cette question demeurée séculaire depuis Aristote : pourquoi les grands penseurs, artistes, poètes ont-ils un tempérament mélancolique ? Les analystes tentent d’explorer ce gouffre en ouvrant des voies de réflexion : le mélancolique a une manie de compter qui va parfois jusqu’à l’obsession, il est divisé au point de ne plus avoir une image unifiée de lui-même. La mélancolie est aussi compagne de la nostalgie ou encore du sublime de terreur, qui émerge des Lumières. On ressort de cette inspection du domaine mélancolique dans un certain état d’ébriété, ivresse du savoir parcouru et de se savoir finalement aussi un peu mieux ou définitivement pas, mélancolique.