Quels liens entre les fêtes foraines, les expositions universelles, Las Vegas et les parcs d’attractions ?
Dans une ambiance onirique, lumière tamisée, musique digne de Disneyland… Chapeau bas pour cette exposition ambitieuse du Centre Pompidou qui se distingue par l’originalité du thème, la qualité de la médiation et des œuvres présentées.
L’exposition Dreamlands. Des parcs d’attractions aux cités du futur, présentée du 5 mai au 9 août 2010, présente les nouvelles normes urbaines et sociales, brouillant désormais les frontières du rêve et de la réalité. Dans l’enceinte de la terrible machine à transformer la culture en produit de consommation, longtemps accusée d’avoir contribué à « la société du spectacle » (dixit Jean Baudrillard), les commissaires de Beaubourg, Didier Ottinger et Quentin Bajac, évoquent l’apogée d’une architecture du sensationnel, du divertissement et du rêve qui s’est propagée tout au long du XXe siècle, sous l’influence des expositions universelles puis des parcs d’attractions.
S’appuyant sur les manifestes Learning from Las Vegas et Delirious New York, l’exposition met en lumière les fantasmagories et utopies urbaines, qui usent du pastiche, de la copie, du factice et parfois du kitsch, pour créer des villes-décor ou villes-collage. L’exposition évoque le « strip » de Las Vegas et ses hôtels de carton-pâte décorés d’une Venise factice, d’un sphinx doré au Luxor ou d’une Victoire de Samothrace. La « Rue du Caire » et autres reconstitutions dans les foires du XIXe siècle ou dans les parcs d’attractions comme Dreamland à Coney Island, ont largement inspiré les espaces clos, sphères, bulles et autres dômes de loisirs à Shanghai ou dans l’inquiétante Dubaï, la ville-parc à thème de tous les excès. Des mondes miniatures s’érigent, où le public déambule et se photographie devant des rochers montés sur roulettes et une Tour Eiffel reconstituée. En Chine, se créent des villes inspirées de l’ancienne Weimar et des vieux quartiers de Londres ou d’Amsterdam. Walt Disney crée des villes de toutes pièces avec EPCOT et Celebration pour mieux étendre son empire du rêve…
Pluridisciplinaire, cette exposition mêle des œuvres contemporaines (Kader Attia et ses frigos gratte-ciel), des photographies (Martin Parr et sa Las Vegas), des vidéos (Dali et son palais de Vénus), et des maquettes (la ville fantôme de Bodys Isek Kingelez). Découvertes artistiques garanties !
Une belle promenade au cœur d’une « planète disneylandisée » tant dénoncée aujourd’hui par les géographes et sociologues comme Sylvie Brunel. De quoi nous faire réfléchir sur notre goût pour le faux et le spectacle, sans compter notre tendance à tout vouloir mettre sous cloche, à portée de la main…
Pour aller plus loin :
Le catalogue d’exposition, largement documenté et aux articles de qualité.
Le hors-série Beaux-Arts, pour les budgets plus limités.
Des idées de lectures : La planète disneylandisée de Sylvie Brunel pour découvrir une autre vision du tourisme non sans éclats de rire ; Des mondes inventés. Les parcs à thème de Anne-Marie Eyssartel et Bernard Rochette pour poursuivre votre découverte de ces mondes miniatures.
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