Mon dernier point sur Vivendi (rappel : cobaye pris au hasard il y a plus de 3 ans pour un suivi régulier d’un point de vue strictement technique) remonte à il y a 5 mois exactement, tout début février 2010, alors que le titre tentait de s’extraire de son canal baissier MT et venait d’enfoncer ses plus bas de novembre 2009.
Une cassure très intéressante car elle montre qu’avec un même graphique, et selon ce à quoi on s’attache (et souvent ce que l’on a envie d’y voir), il est possible d’y voir des scénarios souvent très différents.
Le baissier y verra la formation d’un double sommet en M sur l’horizontale noire des 21.5, avec pour principal objectif l’horizontale noire des 16.5 euros.
Le haussier est verra lui plutôt un pull back sur l’ancienne résistance du canal baissier MT rouge, renforcée par une oblique bleue LT.
Lequel à raison ? Peu importe, même si dans le cas présent, les deux ont finalement quelque part eu raison, puisque nous avons d’abord assisté à un rebond sur l’oblique rouge, avant une nouvelle rechute qui a renvoyé le titre sur les 16.3 euros, bien aidé il est vrai par le détachement du dividende. Reste que le haussier aura t’il eu la sagesse de sortir à la cassure du canal bleu clair ou mieux à proximité de l’oblique LT bleu foncé, et le baissier aura t’il le cran et les moyens de tenir bon jusqu’aux 16.3 euros ?
Là n’est pas le débat, mais plutôt l’occasion de vous montrer que dans toute analyse, il est important d’essayer de regarder un titre ou un marché avec un œil le plus neutre possible, en essayant d’envisager tous les scénarios possibles.
C’est ce que nous allons essayer de faire en faisant un point sur le titre. Après la lente remontée au sein du canal bleu clair, le titre est lourdement retombé fin avril / début mai, cédant 20% en l’espace de 10 séances, pour s’appuyer une nouvelle fois précisément sur l’oblique baissière rouge.
On notera toutefois que pour l’actionnaire, ce repli n’est pas aussi douloureux qu’il n’y paraît, puisqu’une partie de la chute (visible par le gros gap du 6 mai) est imputable au détachement d’un dividende de 1.4 euros, soit près de 7% le jour du détachement ! Je ne reviendrai pas sur le fait qu’il faille ou non ajuster les graphiques lors des détachements de dividende. Vous pourrez retrouver les avantages et inconvénients dans l’article suivant : « Faut-il ajuster les graphiques lors des détachements de dividendes ? »
Après cet impact donc sur l’oblique rouge, et à quelques centimes seulement des 16.3, le titre est revenu tester et combler une partie du gap ouvert lors du détachement de coupon, avant de retomber à trois reprises sur les 16.3, ce niveau étant renforcé la première fois toujours par l’oblique rouge. Le titre a même fait mine de vouloir former un double creux en W, qui aurait pu le propulser en direction du haut du gap, voire même en direction de l’oblique bleu foncé ou des 21.5. Il n’y en a rien été, puisque le titre est ensuite lourdement retombé avec le reste du marché. Nous revoilà désormais sur ce fameux seuil des 16.3 euros.
Un niveau qui a de nouveau tenu depuis deux jours, mais qui semble avoir de plus en plus de mal à soutenir la valeur, et pour cause : tout support, à force d’être testé, fini par être fragilisé, et risque donc de casser.
Ce n’est pas encore avéré, mais c’est une éventualité à envisager, comme celle d’un nouveau rebond pour cette fois peut être « enfin » un retour vers l’oblique bleue des 20.7 euros, puis pourquoi pas vers l’horizontale des 21.5 euros.
Si ces 16.3 euros venaient à céder, quelles en seraient les conséquences ? Le spéculateur baissier aurait certainement envie lui d’y voir un signal particulièrement négatif, qui pourrait plonger le titre dans une nouvelle vague de baisse, avec, par effet de balancier, un objectif théorique au niveau des 12.4 euros. Le haussier y verra lui simplement une fausse cassure, un nouvel impact sur l’oblique rouge située légèrement sous les 16 euros, voire une simple fin de mouvement baissier en direction de l’oblique LT bleue située vers 15.3 euros.
Ce sont en fait tous ces scénarios qu’il faut avoir en tête, sans essayer de préférer l’un ou l’autre, puis d’essayer de suivre au jour le jour les indices que nous donne le marché : la formation d’une figure de retournement, de continuation, des volumes en nette augmentation, etc…
On n’oubliera pas non plus que le scénario d’une nouvelle reprise haussière directe à partir des 16.3 est également tout à fait possible. Ce n’est toutefois dans ce cas qu’au delà des 18/18.2 euros que l’on pourrait réellement envisager une nouvelle phase de hausse un peu plus durable.
Je terminerai par un petit complément à destination essentiellement des spéculateurs baissiers, qui pourraient avoir envie de voir le titre chuter jusqu’à 12.4 euros : sans vouloir écarter totalement ce scénario (après tout, les marchés sont sur une pente bien glissante ces derniers jours et le risque d’une nouvelle chute sanglante ne peut pas être écartée), il est important de jeter de temps en temps un œil aux fondamentaux des titres, à leur niveau de valorisation et de rendement. Si rien ne dit que Vivendi continuera à faire autant de bénéfices et distribuer un dividende constant, force est de constater que les niveaux de rendement actuels du titre, à plus de 8% désormais, en font un placement bien plus rémunérateur que les taux obligataires ou monétaires actuels. Méfiance donc. Un des biais de l’analyse technique est de privilégier toujours la tendance, et donc dans le cas présent des objectifs potentiellement toujours de plus en plus bas. Sauf à anticiper la faillite de la société, il y a un moment où le titre aura bien du mal à poursuivre son repli.
A bientôt pour un nouveau point graphique sur Vivendi.