Magazine Société
Merci Madame Bettencourt.
Voici le titre de l'hommage que Guy Sorman adresse à "Madame" sur son blog.
"Madame, Vous êtes le premier contribuable de France : vous faites vivre l' Etat , les fonctionnaires et la redistribution sociale. Vous êtes l'un des premiers employeurs en France : environ 500 000 personnes avec les distributeurs L'Oréal. Vous avez , avec André Bettencourt , fait de l'Oréal la marque française la plus connue au monde . Avec votre Fondation, vous êtes le premier donataire privé à la recherche médicale et à la création culturelle Croyez en mon infini respect." Guy Sorman.
Telle est l’infinie flagornerie de cette figure tutélaire des "think tanks" de la grande finance et du néolibéralisme triomphant.
Comme Madame était un peu souffrante ces derniers jours, l’obséquieux lui écrivit donc cet lettre de réconfort : C'est gentil de se soucier des vielles dames riches!
Mais cette missive aussi droite qu’une cravate sombre et gaufrée illustre merveilleusement les mœurs de la Cour : Un hommage est adressé d’ordinaire pour la valeur des services rendus et non en fonction des privilèges que l'on a reçus.
Or Madame Bettencourt n’a rien créé, elle n’est l’instigatrice de rien si ce n’est d’un beau mariage avec un homme qui n’a rien inventé et qui ne fut qu’un héritier.
Monsieur Sorman rend donc ici hommage aux vertus de l’héritage !
Mais un autre jour, sans doute, il n’hésitera pas, selon la direction du vent, à hisser les voiles tricolores de la grandeur de la République. Ainsi vont les courtisans !
Mais si l’argent apparaît donc comme la valeur essentielle pour ce personnage, sa petite littérature cul serrée dénote surtout son mépris pour ceux qui travaillent.
En effet :
« Vous faites vivre l' Etat , les fonctionnaires et la redistribution sociale. »
C’est à dire que ce ne sont pas les fonctionnaires qui contribuent à la vie de l’Etat, mais Madame qui permet à l’ Etat d’exister, Madame qui paye grassement ces feignants de fonctionnaires, Madame qui, dans sa grande magnanimité, assure la cohérence sociale ! Et nous ne le savions pas !
De la même manière, il semblerait que ce ne soient pas ces 500000 personnes, sans parler des clients, qui seraient à l’origine de sa fortune mais que, au contraire, celles-ci seraient redevables à Madame pour cette grande charité qu'elle eut en les employant.
Et, de même, nous lui saurons gré d’être au premier rang pour notre santé et notre culture !
Mais tout ceci n’aurait-il pas ce goût mielleux ou faisandé de… l’ancien régime ?
Eh oui, Monsieur Sorman écrit à Madame Bettencourt comme il le ferait pour une reine. La seule trace de féminité est dans cette "Madame", mot qu'on emploie pour la Reine d' Angleterre!
Pour le reste c'est: "Vous êtes le premier... Vous êtes l'un..."
Obséquiosité à l'égard des Grands, mépris pour le peuple... Nostalgie…
La Reine Bettencourt, dans l'inconscient de Sorman, n'est-elle pas surtout la Reine bête en cour?