Sous le titre « Woerth et le département de l'Oise: une première alerte au début des années 1990 », Mediapart a publié le 29 juin un article de Erich Inciyan. L’auteur y rapporte des faits relatifs à l‘Association pour le développement de l’Oise, dont Eric Woerth fut Directeur général de 1986 à 1990. J’ignore si ces faits constituaient des infractions mais, si c’est le cas, celles-ci sont vraisemblablement prescrites. Il me semble toutefois que la morale s’y trouve sérieusement malmenée. La Chambre régionale des comptes de Picardie a consacré à cette Association un rapport de 37 pages que vous pouvez trouver ici.
Après le rappel d’un arrêt du Conseil d’Etat en date du 26 janvier 1990 annulant l’élection d’Eric Woerth au conseil municipal de Chantilly, ce document indique que « la gestion de l'ADO au cours de la période examinée avait été dispendieuse ». Il relève que « les augmentations de salaires des agents de l'ADO […] décidées par le Président » ont été « accordées sans rigueur ». Ainsi, en trente mois, le salaire du Directeur général de l’ADO, M. Woerth, a progressé très exactement de 50%. Quand on pense que ce sont de tels hauts fonctionnaires qui, tout en jugeant démagogique de baisser leur propre rémunération, décident sans honte, avant un gel des salaires, d’accorder royalement 0,50% d’augmentation aux fonctionnaires, on s’interroge sur leur droit à utiliser le mot équité.
Avec le même souci de précision, ce rapport formule ensuite une foule de remarques sur des primes versées à M. Woerth, ses frais de déplacement, les frais de réception de l’agence, les frais d’avion et autres relatifs à des missions à l’étranger (Etats-Unis, Japon) dont la justification n’est pas toujours évidente et qui n’ont pas donné lieu à des comptes rendus. Pour le cas où vous n’auriez pas la patience de parcourir ce rapport, vous en trouverez dans le billet suivant celui-ci quelques extraits.
On objectera sans doute que ce ne sont là qu’erreurs de jeunesse. Pour ma part, j’y vois un goût immodéré pour l’argent qui, généralement, ne s’affaiblit pas avec la croissance d’un patrimoine. Ce qui est certain, c’est que, à ses débuts dans la vie publique, M. Woerth semblait ne pas mesurer très exactement ce que la morale exige d’un élu. Même lorsqu’il ne portait pas une grande réforme sur ses épaules, on pouvait noter chez lui une certaine confusion entre le Servir et le « Se servir ». J’expliquerai prochainement pourquoi je crains que sa notion du Service de l’Etat ne se soit guère améliorée.