In memoriam Laurent Terzieff.

Publié le 04 juillet 2010 par Orlandoderudder

Somptueux.

Laurent Terzieff... S'il est un comédien somptueux, un vrai qui malgré son physique marquant, ne s'impose pas au personnage mais se met à son service, c'est lui. Le contraire de Gabin, qui joue de la même façon un notaire ou un gangster, un ouvrier ou un bourgeois. Terzieff me fait parfois penser à Laurence Olivier qu'on peut ne pas reconnaître d'un rôle à l'autre tant il incarne son personnage au lieu de la ramener. Sauf qu'on reconnaissait forcément Terzieff. Telle est la différence entre le comédien et l'acteur! Le premier incarne, le second ne joue jamais que son propre rôle.

Référence.

Et ce physique, cette beauté a fait son succès au cinéma.Jointe à un vrai magnétisme, il fut l'égal d'un Delon, certes. Mais il a toujours montré des vertus plus haute et a délibérément (comme alexandra Stewart!) refusé de devenir un star. Plus de fierté, plus d'exigence. Plus de rigueur. De pureté. Le théâtre l'a appelé. Il l'a servi avec une grandeur, ue dignité à nulles autres pareilles.  Pourtant, il demeure une référence cinématographique en jeune-premier "à part"...

Enchantement.

La dernière fois que je l'ai vu, c'était il y a bien longtemps, au petit théâtre  La Bruyère.Dans Ce que voit Fox, pièce de Saunders... Et ce fut un enchantement. Une musique que sa grande voix rendait à la fois surprenante et intime. Et une curieuse présence faite d'effacement imposant. Car , encore et toujours, le texte, le personnage parlait et Terzieff, homme de haute taille, se faisait tout petit derrière eux, pour les donner, les servir, les aimer. Y a t-il plus d'amour au théâtre qu'ailleurs?

Sacerdoce et mystère.

Bien évidemment, l"homme suivait: militant contre l'Algérie française , cdett eignominie, il a aussi protesté contre la folie irakienne qui fait de nous les larbins d'Obama, chef de guerre d'une armée d'occupation. Mais lui, pardon: iln'a jalmais utilisé ses engagements pour frimer, n'en a pas fait un fond de commerce... Son paradoxe demeure là encore: cette forte personnalité faisait passer le principal avant lui-même. Sauf qu'il fut là et un peu là. C'était une sorte de sacerdoce, sans doute. Car Terzieff, c'est aussi un mystère, une magie...

Envoi: il serait bon, un jour que le public devienne digne et qu'il mérite ce qu'on lui offre!

PS: Sur Laurence Olivier.dustin Hoffmann raconte dans une interview commet il courait pour s'essouffler lors du tournage de Marathon Man. Et que Laurence Olivier , superbe, lui a simplement dit: "mais, être essoufflé, ça se joue"!  Hé oui, il y a quelque vanité dans l'idée que pour incarner un coureur, il faut courir...  Mon père se moquait de ces resucées mal comprides de l'Actor's Studio, il disait : " Alors, un figurant, pour jouer un  mineur qui apparaît durant trois secondes, il faudrait aller travailler durant dix ans dans une mine"?

Le spectacle transcende! Il n'y a qu'à voir un duel de film de cape et d'épée, de le comparer à un championnat d'escrime qui fait chier tout le monde sauf les initiés!  Le réel du match ennuie.Le duel bien réglé passionne, fait frémir, émeut.  Ce qui est joué est toujours meilleur!

Dans cette interview,  Hoffmann, ému fait comprendre qu'il avait reçu là une leçon de comédie. Et cela montre qu'il est, lui aussi, un grand parmi les grands!

Plus haut, je parle des acteurs qui perpétuellement leur propre rôle, l'imposant au personnage. Il faut cependant ned pas oublier que:

Un acteur devrait-il être son propre personnage sur scène qu’il lui faudrait se maquiller pour se ressembler vraiment selon l’optique scénique. Le réalisme n’est qu’une apparence et un leurre.

Paul Blanchart, Histoire de la Mise en scène, 1948.