Bon, le truc, je vous le dit : pour que ça fasse vrai, il faut dire très vite «Tapez 1», «Tapez 2», etc. Beaucoup plus vite que la proposition qui précède. Essayez, vous allez voir. Dites : «Pour obtenir des informations commerciales… Tapez 1». On s’y croit tout de suite, n’est-ce pas ? C’est éclatant, je trouve. Ça demande de l’entraînement, c’est une tannée. Mais bon, une fois qu’on a pris le pli, ça vient tout seul. Et ça fait toujours son petit effet.
Alors là, justement, mon conseiller a changé de ton : «Monsieur, je vous demande une dernière fois quand comptez-vous alimenter votre compte ?». Je le tenais bien ferré, j’ai tiré un coup sec : «Savez-vous que vous pouvez obtenir toutes vos réponses en consultant notre site internet www.tde.fr ? Pensez-y, c’est gratuit !». Il a raccroché, vexé comme un pou qui rentre chez lui et trouve sa femelle au lit avec trois morpions de Christophe Rocancourt. J’ai fait aussi sec un rappel automatique. Je suis tombé sur mon conseiller, qui devait déjà être en train de me coller des frais de gestion à tour de bras. Il avait retrouvé sa belle voix commerciale : «François Fauxderche, bonjour !». Moi, j’ai repris ma voix agaçante (celle que j’ai quand on me les brise menu, en fait) : «Pour reprendre la conversation interrompue par un problème technique… Tapez 1… Pour une autre demande… Tapez 2». Ça m’a coûté un bras en frais bancaires, cette petite plaisanterie. Mais ça m’a fait un bien fou. J’aime vraiment ça, péter les plomb mais de façon surprenante. Et quand on aime, on ne compte pas.