Plan d’économies de Sarko : faites ce que je dis, pas ce que je fais

Publié le 04 juillet 2010 par Citerne

Le plan d’économies présenté par Sarko est vague, reprend des mesures déjà annoncées et touche tout le monde sauf lui.


Devant la succession des affaires impliquant plusieurs de ses ministres, et conscient de l’effet ravageur de ces dernières sur sa côte de popularité – au plus-bas depuis son élection, Nicolas Sarkozy a décidé de réagir.

Il l’a fait à sa façon, avec force effets d’annonce, sans qu’on sache si ces déclarations seront suivies d’effet.

L’opération de comm’ prend cette fois la forme – rare pour ce Président si peu solennel et si peu littéraire – d’une lettre adressée au Premier Ministre, François Fillon. Dans cette lettre, véritable inventaire à la Prévert, le Président y détaille toute une série de mesures visant à réduire le train de vie de l’Etat, dont la majorité à destination de ses ministres.

Les promesses sont vagues, déjà connues pour certaines, peu chiffrées. On entrevoit d’éventuelles sanctions – non détaillées au demeurant. L’ensemble représenterait d’après Le Monde des économies de 4,5 milliards d’euros, soit 4,5% des 100 milliards d’économies nécessaires pour respecter les critères de Maastricht en 2013.

Florilège des mesures : on trouve d’abord les mesures visant expressément les ministres « épinglés » par les affaires ces dernières semaines. Ainsi, il est demandé de faire des économies dans les déplacements et de favoriser le train (clin d’œil à Estrosi et Joyandet, grands amateurs de transport en jet privé), de limiter les frais de bouche (allusion aux cigares de Blanc), et de privilégier pour ses hébergements lors de ses déplacements les ambassades et les préfectures (Rama – et son hôtel 3 étoiles – appréciera).

Le gros des économies – 3,5 milliards – viennent de réductions de dépenses d’intervention, réductions déjà annoncées au demeurant.

Viennent ensuite diverses mesures comme la réduction du parc automobile de l’Etat, la limitation du nombre de conseillers ministériels (à ce titre, Sarkozy n’a d’ailleurs jamais respecté sa promesse d’un gouvernement limité à 15 ministres…), l’abandon de la Garden-Party de l’Elysée (dont le coût avait quasiment doublé avec Sarkozy). Est aussi demandé aux ministres de limiter le nombre de réceptions et dépenses somptuaires (allusion aux folles dépenses de Rachida Dati lors de son bref passage Place Vendôme ?).

Enfin, et là on croit rêver, Sarko de préciser que les dépenses liées à la vie personnelle des ministres devront être acquittées… par ces derniers, sur leurs deniers personnels.

Mais rendons à Sarko cet hommage : il sait dans la tourmente se montrer impartial. Et certaines de ces mesurettes touchent aussi quelques de ses amis. Ainsi seront supprimés le concert du 14 Juillet (le pote de Sarko Johnny ne chantera plus aux frais du contribuable, il faudra s’y faire) ainsi que les chasses présidentielles, ressuscités par un certain…Nicolas Sarkozy et placées sous la responsabilité du très peu recommandable Pierre Charron, qui s’était brillamment illustré dans l’affaire des rumeurs de liaisons au sein du couple présidentiel.

Enfin, on notera avec intérêt que l’Elysée est peu affectée par ce train de mesures, et que Sarkozy se garde bien de préciser sa part de « l’effort national », au moment où il s’apprête à prendre livraison pour la modique somme de 176 millions d’euros de son nouvel Airbus pour – enfin – pouvoir jouer à Obama.

Au final, du grand Sarko : de la comm’, peu d’effets. Plus ça va, plus ça change.

Plan d’économies de Sarkozy (pdf)