La direction des Etudes économiques du Crédit Agricole, dont le directeur est Jean-Paul BETBEZE vient de publier « Perspectives Macro ».
Dans cette étude les économistes du CA proposent un
« Plaidoyer pour une politique économique qui sorte des sentiers battus ».
Une excellente analyse que je vous invite à lire.
Introduction : « Les marchés sont en train d’imposer à l’Europe une cure d’austérité fiscale bien plus tôt que l’on ne l’attendait. Mais cela ne signifie pas pour autant que les autres contraintes ont disparu : les Banques centrales devraient normaliser leurs politiques monétaires dès que les conditions le permettent, et, il est toujours indispensable de maintenir un certain niveau de croissance.
On a du mal à voir comment on pourra atteindre ces trois objectifs à la fois et on craint que les marchés ne s’extirpent que difficilement de ce nouveau triangle des Bermudes. D’autant plus qu’il pourrait bien se déplacer vers les autres économies avancées.
- La crise de la dette européenne montre que la gestion de la politique budgétaire se révèle plus délicate que prévu : comment décider, quand arrêter les stimuli et revenir à la discipline fiscale ? Les supprimer trop tôt pourrait saborder la reprise et augmenter le risque d’une nouvelle récession ; les laisser en place trop longtemps peut exacerber les peurs des investisseurs et se traduire par un « atterrissage en catastrophe » de cette reprise tout juste débutante. Choisir entre Charybde et Scylla n’est jamais aisé. L’ampleur de l’épargne des ménages et la capacité à attirer les capitaux étrangers pourraient être des facteurs déterminants du choix des responsables de la politique économique.
- La crédibilité de la BCE a semblé être remise en cause par sa décision de procéder à des rachats de dette souveraine sur le marché secondaire, interprétée comme un aveu de « collusion » avec les politiques des gouvernements européens. D’un point de vue académique, il est important de faire la distinction entre un environnement de forte inflation et un environnement d’inflation très limitée. Face à une inflation élevée, souvent corrélée à une monétarisation excessive de la dette souveraine, l’indépendance de la Banque centrale doit être absolue. Mais, face à une inflation faible associée à une croissance modeste et à une politique de grande rigueur budgétaire rendue nécessaire par l’ampleur des déficits accumulés, une plus grande coopération entre gouvernements et Banque centrale est tout à fait compréhensible.
- Le lien entre crise de la dette souveraine et crise du secteur bancaire est historiquement avéré. Toutefois, le plan de secours mis en place par l’Union européenne avec le soutien du FMI modifie la nature de ce lien. De fait, ce plan est conçu pour éviter, pendant une certaine période (deux ans dans le cas de la Grèce), l’émergence d’un risque de liquidité pour le Trésor. La marge de manoeuvre ainsi dégagée peut alors être utilisée pour réduire le risque de solvabilité via des programmes d’assainissement crédibles des comptes publics. Ce plan permet donc d’écarter tout risque de transmission du risque souverain vers le secteur bancaire, du moins pour un certain temps : en fait, il s’agit d’une sorte de mutualisation du risque entre souverains, des plus faibles vers les plus forts. Sachant cela, il n’est sans doute pas complètement fondé aujourd’hui de trop lier risque souverain et risque bancaire. »
Jean-Paul BETBEZE à Pontault-Combault le 2 Juin 2010
« Quelles stratégies de sortie de crises ? », Grand Débat à Pontault-Combault
Banques centrales : une crédibilité à toute épreuve
Les décisions récentes de la BCE ont été critiquées au sein même du Conseil des Gouverneurs, ce qui reflète de fortes dissensions sur le sujet sensible des rachats d'obligations d'État. L'impact du programme de rachats d'actifs sur la crédibilité de la BCE ne doit cependant pas être exagéré dans la mesure où il vise explicitement à restaurer les canaux de transmission de la politique monétaire.
Mais être indépendante est une chose, l'être aux yeux des marchés en est une autre. Pour la BCE, cela pourrait être la partie la plus difficile de sa tâche, de convaincre les marchés de sa détermination à rester indépendante de toute pression extérieure et crédible dans le contexte d'une reprise hésitante. Afin de mesurer cette crédibilité (un concept difficilement quantifiable), il convient de surveiller de près l'évolution des anticipations de croissance et d'inflation. Une volatilité excessive de ces anticipations serait une source d'instabilité financière. ...
Dans le cas où un État-membre de la zone euro se verrait contraint de faire défaut ou de restructurer sa dette, la BCE répartirait les pertes sur l'ensemble des BCN qui, en retour, pourraient être recapitalisées par les Trésors nationaux. Par ailleurs, les interventions de la BCE risquent d'augmenter l'aléa moral si les États sont moins incités à consolider leurs finances publiques à l'avenir, dans le cas d'une nouvelle crise des finances publiques.
Sommaire
Et si le questionnement des marchés portait plus sur des problématiques non résolues que sur des régions ?
Banques centrales : une crédibilité à toute épreuve
Taux d’intérêt : des marchés qui émergent à nouveau
Taux de change : fortunes diverses
(…)
Télécharger la publication - (Format PDF - 0.7 Mo)
http://etudes-economiques.credit-agricole.com/site/page.php?pag_id=1173