Posté par clomani le 4 juillet 2010
Informée par la lettre de diffusion du Comité du Parti de Gauche du 17e, j'étais allée distribuer un texte très clair pour encourager les gens à aller manifester, ces jours derniers, la semaine précédente partager un repas avec les sans papiers en grève et voir comment on pouvait les soutenir.
Hier soir, rendez-vous était pris dans le 17e “classieux” (je vis à la lisière du grand quartier classieux et de la petite partie plutôt “prolo-melting pot”)?
C'était ma 1ère réunion politique, suivie d'un dîner pour lequel une participation était demandée. Chaleur abominable, je prends un bus pour arriver bd Péreire où le “chef Laurent” m'accueille en me claquant 2 bises. Les gens arrivent petit à petit et l'A.G. commence. Nous sommes une petite vingtaine.
Après avoir énoncé les points à aborder, Laurent prend donc la parole et nous fait un round-up de la situation politique du pays du genre “la politique expliquée aux nuls”, puis la situation du Parti de Gauche dans le PPF (paysage politique français… vous dormez !!!). Il a donc monopolisé la parole pendant une bonne demi-heure, s'agaçant des retardataires qui sonnaient à la porte principale pour entrer et demandant à la personne la plus proche de la porte (moi donc, ravie d'avoir la fonction d'ouvreuse, ça me changeait du discours) d'aller ouvrir pendant qu'il expose. Premiers à l'interrompre, quelques vieux militants (de quel parti, impossible à dire. Certains citaient l'Huma) pour demander où on en est du Front de Gauche. Et là dénonciation d'un des 2 courants du PC agrippé à son vieux souvenir du programme commun. Laurent aborde ensuite le P.S. … Je pense alors à Rémi qui avait raison : “eux non plus n'ont pas encore totalement lâché le P.S.”.
J'essaie de glisser un “Le P.S., on s'en fiche, il est out” sans résultat. Il est 8h et des poussières, ça fait une heure qu'on sue et je me dis alors que je ne resterai pas pour le dîner. Je vais me faire ch… à jouer un personnage que je ne suis pas. Je ne veux plus perdre mon temps à “faire semblant” ni à “composer”. Me suis trompée d'endroit. Enfin les 2 points de débat : les interventions de soutien aux immigrés sans papiers à venir (en quoi consiste le dernier accord obtenu après une longue grève qui a mis les travailleurs sans papiers à genoux) ET les actions à mener contre le projet de retraites.
Petit point politique de Laurent, à nouveau sur l'Europe cette fois-ci. On peut s'exprimer… j'interroge donc : quels sont les projets du PG en ce qui concerne l'Europe ? Parce que, même si on “nationalise” les banques où qu'on les force à séparer le côté spéculateur du côté dépôt, seuls dans notre coin, on n'y arrivera pas. Mais d'un autre côté, l'Europe est si libérale et antisociale qu'elle est toute à reconstruire. Alors là… imbroglio… on évoque l'idée de sortir de l'Europe mais pas totalement, car il ne faut pas qu'on ressemble à la Hongrie, la Belgique où l'extrême-droite a trouvé la solution à cette Europe libérale : une division en régionalismes, nationalismes, etc. On n'aborde que très peu le côté retour au protectionnisme, du bout des lèvres… nulle allusion à la création d'un réseau européen anti-banksters. On passe vite sur le patronnat, les délocalisations et pffffuuuiiit. On passe à l'autre point.
Pour les sans-papiers, il y a un plus, mais un plus frustrant vu qu'ils ne seront pas TOUS régularisés, même si Besson a lâché un petit peu de lest. Et là, le militant prononce ENFIN le mot que j'attendais depuis le début : REVOLUTIONNAIRE ! Il s'appelle Peter, a un petit accent anglais mais quitte le 17e où les luttes ont été très âpres. Je me suis proposée pour le remplacer mais à l'énoncé de tout ce qu'il fait, il m'apparaît que je n'ai plus assez d'énergie pour passer des nuits à faire piquet de grève etc. De façon ponctuelle, peut-être, mais je ne me sens surtout pas de venir faire des rapports dans cette assemblée ensuite. Qui plus est après avoir entendu un des mecs présents dire des sans papiers qu'ils sont “claniques, forcenés de l'islam” (on aurait dit Finkielkraut) et un autre qualificatif super raciste qui m'a fait bondir… Après, j'ai réalisé que c'était lui qui disait que l'Europe pouvait s'agrandir avec Israël.
Ensuite : le point sur la retraite ! Il est urgent de partir en vacances et de se retrouver en septembre ! Un jeune (étudiant en archi) a répondu à la question : “et les jeunes, qu'en pensent-ils, de cette retraite ?”. Personne ne s'est préoccupé des jeunes bacheliers échoués dans des Pizza Hut et exploités par des congénères plus démerdards, ceux-ci n'ont qu'une envie : s'abrutir devant leur console de jeux ou s'acheter un écran plat avec leur premier salaire. Et se fichent de la politique comme de leur première culotte.
Ce point oublié a été le pic et le déclic : surtout ne pas rester au dîner. Polie, j'ai tenu (difficilement) jusqu'au bout de l'A.G. ! Lorsqu'il a été question d'adhésion et de donner 10 € pour le dîner, j'ai pris la parole et ai annoncé que j'étais là pour voir et entendre, que je n'adhérerais pas parce que ne me retrouvant pas dans tout ça, et qu'un invité impromptu m'attendait pour le dîner. Mais qu'en revanche, j'étais prête à collaborer pour aider la section “sans papiers” pour faire les dossiers de régularisation.
Et je suis sortie, me disant que si la CNT (donc les anars) n'étaient pas si loin géographiquement dans Paris, c'est avec eux que je militerais.
Conclusion, le P.G. est un parti comme les autres où le militant de base est là pour aider un politicien à accéder au pouvoir en essayant de convaincre son entourage d'adhérer. Ben non ! Trop peu pour moi. Révolutionnaire prononcé une seule fois en 2h30, pas de contestation, on est dans la roue des prédécesseurs qui n'ont pourtant pas brillé. On suit les traces. Aucune invention, aucune pétulance, rien de joyeux, tout chiant. Je voulais leur sortir ma phrase fétiche du moment “l'Etat a plus intérêt à déprimer le peuple qu'à l'opprimer” mais ils ne la méritent même pas.
Je me suis éclipsée, suis rentrée à pied chez moi : terrasses des restos pleines de bourges insouciants, préparant certainement leurs vacances.
On n'est pas sortis de l'auberge !