Italica. On se croirait en Italie, non? En fait, c'était exactement l'idée.
Car la cité d'Italica a été fondée par les romains.
Nous sommes en 206 avant J.C. et Cornelius Scipio vient de vaincre les carthaginois. Il établit dans le sud d'Hispania un petit village où peuvent s'installer les légionnaires blessés ou retraités après cette campagne exigeante. Il nomme l'endroit Italica pour qu'ils se sentent chez eux.
En 53 après J.C., nait à Italica Marcus Ulpius Traianus, qui deviendra le premier empereur romain natif d'une province (on le connaît sous le nom de Trajan). Vingt-trois ans plus tard, toujours à Italica, nait Publius Aelius Hadrianus, qui sera le fils adoptif de Trajan et deviendra lui aussi empereur (Hadrien), succédant à son père adoptif. Ces deux empereurs natifs d'Italica font de la ville romaine, à son apogée, la troisième ville d'importance de l'empire, après Rome et Alexandrie. Italica, alors habitée par un demi-million de personnes, servait essentiellement de ville de résidence et de plaisance, alors que Hispalis (aujourd'hui Séville) conservait un rôle plus commercial.
C'est cette séparation des rôles qui a permis à Séville de devenir une ville plus intéressante lors des conquêtes maures, et de se développer... et qui a causé, ultimement, l'abandon d'Italica par le nouvel envahisseur. Une petite ville appelée Santiponce s'est développée à Italica, mais une partie de l'ancienne cité romaine est simplement demeurée en ruines, à moins d'un kilomètre du centre de Santiponce.
Voici quelques photos de ma visite d'Italica.
Du moyen âge jusqu'au 18e siècle, il n'y avait pas vraiment de règles pour la conservation des ruines. Ainsi, plusieurs édifices ont été détruits pour l'utilisation subséquentes des pierres (jusqu'à Séville). On raconte que le Duc de Wellington a supervisé des "fouilles personnelles" à Italica, repartant avec quelques trésors. Le site aujourd'hui, pour la plus grande partie de l'ancienne cité, est constitué de fondations, de larges voies romaines et de planchers. Les artefacts les plus importants ont été transportés au musée d'archéologie de Séville - où je ferai un saut très bientôt d'ailleurs.
Les éléments les plus impressionnants d'Italica demeurent sans conteste les mosaïques de planchers des quelques édifices encore présents sur le site. Il s'agit ici de mosaïques originales, dont on continue aujourd'hui à faire l'excavation et le nettoyage. L'état des lieux est absolument hallucinant. Ci-haut, la mosaïque de la "Maison de Neptune", ainsi baptisée à cause de la figure centrale de la mosaïque du plancher principal de la résidence. (Notez, en haut, au centre-gauche, on peut voir un hippopotame!)
Détail de la mosaïque de Neptune.
La "Maison des oiseaux" ainsi appelée car ses mosaïques comprennent une trentaine de représentation de diverses espèces d'oiseaux. On a réintégré quelques haies et plantes dans les jardins pour donner une idée des installations originales.
Détail d'une mosaïque de la maison des oiseaux.
Titre de ce billet: L'Esprit Vagabond en Hispanie. Si mon ami Tintin, grand voyageur de ma jeunesse, n'a pas réellement posé les pieds en Hispanie dans ses aventures, ce fut le cas d'Astérix, un autre copain voyageur de ma jeunesse. Son aventure en Hispanie l'a d'ailleurs amené dans un "petit village situé au sud d'Hispalis", donc tout près d'Italica.
Une archéologue travaille au nettoyage d'une mosaïque dans la "Maison du planétarium".
Détail d'une mosaïque de la maison du planétarium.
Environ un kilomètre plus loin, le visiteur se retrouve à Santiponce, où il peut tout de même voir (grâce à une plate-forme d'observation très bien cachée dans la Calle de las siete revueltas - "Rue des sept révoltes"), les restes du théâtre romain, pouvant accueillir jusqu'à 3000 spectateurs. On ne peut toutefois pas y entrer.
A l'opposé, et à l'extérieur des murs extérieurs d'Italica, on peut apercevoir l'entrée de ce qui était l'amphithéâtre d'Italica, où on présentait les célèbres jeux. Lors de mon passage sur le sentier menant à l'amphithéâtre (photo), le secteur était fermé aux visiteurs... mais...
...à suivre...
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