Sans doute connaissez-vous ces débats et parfois ces votes, lors d’un Conseil d’administration, qui donnent à beaucoup un goût amer…? Celui de devoir rester coincé dans un immobilisme, sans pouvoir agir pour ses convictions…
Pour ma part, proviseur d’un lycée où il fait bon travailler ; je regrette de ne pouvoir mener à terme, le projet d’être établissement expérimental, sur les rythmes scolaires. J’avais pris la décision de proposer le lycée, ce qui était de ma prérogative puisque c’est la responsabilité pédagogique du Chef d’établissement… J’ai décidé également de prendre l’avis des représentants du CA, pensant que malgré les réticences des uns et des autres, nous pourrions négocier certaines modalités et s’engager dans ce qui n’est qu’une expérience … Non ! Je rêvais … !
Pourquoi cela n’est-il pas possible ? Je vous propose ma réaction….
Ne serions-nous pas en train de nous perdre dans un caprice d’enfant gâté, face à un pouvoir cynique qui joue avec ce à quoi nous tenons le plus : le service publique, et les valeurs de la république… ?
Si le profit comme fin, justifie tous les moyens…. Nous n’avons pas pris, je pense, la mesure de nos moyens qui nous restent à nous fonctionnaires… Devons-nous, à l’image des enfants boudeurs, refuser toute implication, au risque de tout perdre .. ?
Deux exemples à deux échelles différentes : L’Ecologie et l’Ecole…
- Le citoyen responsable, aujourd’hui, doit-il pour préserver notre environnement adopter une attitude malthusienne ? Nous sommes trop nombreux, il faut réduire la population. Nous consommons trop, il faut réduire notre consommation… Nous utilisons à l’excès les énergies fossiles, …etc Nous mangeons trop… Nous prenons trop de plaisir … Nous … trop …etc.
Et même raisonnement ! nous sommes en crise…. Donc, l’écologie est une contrainte trop forte … tant pis ! C’est absurde, mais je continue … .. Ou encore : Le ministre est méchant avec moi, donc je boude, j’arrête de travailler un jour ; je dit ‘non’ à tout ce qu’il me dit … Advienne que pourra … ! Ma voiture est un acquis… !
- A l’inverse, le citoyen responsable, aujourd’hui, doit prendre la mesure du défi que nous lance notre avenir ( qui n’a rien à voir avec la période passée…). L’écologie, n’est pas une contrainte, mais une chance. J’abandonne les vieux schémas : le pétrole, la voiture individuelle (peut-être… Je ne refuse pas les bonnes questions… ! ). De nouveaux marchés s’ouvrent. Je ne refuse pas la consommation ; mais je consomme autrement. Je ne refuse pas les propositions cyniques des nouveaux médias, mais je les utilise, quitte à les retourner contre leurs auteurs… Je prends le ministre au mot. Je le sais cynique, je sais qu’il peut changer les règles… Je sais qu’il joue avec mes propres propositions. Je sais qu’il peut se dire écologiste. Bouder, se recroqueviller sur mes acquis, est la meilleure défense qu’il peut espérer.
Je préfère le poursuivre inlassablement sur son terrain… Pour une simple raison, déjà, c’est qu’à l’avantage de moi ; il fait l’histoire ( malgré moi ), il joue dans le présent et construit mon avenir. Le terrain de jeu, de vie, évolue sans cesse. Le combat écologique est une chance ; car il peut développer une autre croissance. Le combat écologique s’appuie à présent sur la science, sur de nouveaux paradigmes, et sur le défi de la mondialisation. Le petit pavillon à la campagne, la lampe à pétrole, sont à remiser dans les acquis d’un autre age…
J’aime ce monde. J’aime la ville. J’aime la mondialisation de l’Internet. J’aime l’Ecole qui se projette dans l’avenir.
Je ne comprends pas le syndicalisme qui n’a d’autre proposition que revenir vers le passé et de refuser le combat, parce que les règles, et le terrain ont changé … !.
Notre ministre de l ‘éducation, actuellement, utilise les thèmes favoris des mouvements pédagogiques des années 80 : ainsi en est-il du ‘Socle commun des connaissances’ et des ‘nouveaux rythmes scolaires’… Sur le socle, un député UMP ( M. JACQUES GROSPERRIN, en conclusion des travaux de la mission sur la mise en oeuvre du socle commun de connaissances et de compétences au collège) , s’interroge lui-même sur la réelle volonté de le mettre en place.. ! Sur les rythmes scolaires, la proposition actuelle du ministre est un ‘effet d’annonce’ et renvoie déjà à une possible application dans trois ans … ! Le meilleur moyen de se laisser prendre à ce jeu est de bouder… Et de prouver, alors que ce n’est pas une réforme, que les enseignants ne veulent rien changer… !
Il était facile, dans le cas de mon lycée de profiter d’une opportunité (dans un combat, un geste apparemment fort, que nous utilisons dans son énergie, mais à notre profit …) et de prouver qu’il est urgent et bénéfique pour nos élèves de travailler sur les rythmes et sur le temps scolaire, autant que sur les contenus … !
Je regretterai ( pendant quelques temps encore … ! ) d’avoir – pour mon lycée, pour nos élèves, pour le service public – refuser ce combat pédagogique … Il n’est même plus le temps à présent de réclamer les moyens qui nous auraient manqué ( ou pas … nous aurions tout fait pour …), de regretter le modalités de l’expérimentation ( nous aurions pu, preuves à l’appui, prouver le bon et le moins bon …)…Etc…