Je me demande quels sont les rapports entre Liliane, la mère, et Françoise, la fille, chez les Bettencourt.
En tout cas, je doute très fort que Liliane Bettencourt soit diminuée d'une quelconque manière aujourd'hui. Je l'ai écoutée dans son entretien avec Claire Chazal, et je la trouve au contraire extraordinairement habile dans ses réponses.
En déclarant avoir l'envie de revoir sa fille, même si elle doute du succès d'une telle entreprise, elle efface d'éventuels soupçons de haine de la mère envers la fille. Mieux, en laissant entendre que sa fille pourrait être jalouse de sa mère, et que c'est là, somme toute, un lieu commun, elle renverse la situation et fait avaliser que les réclamations de la fille sont avant tout l'effet d'un affect blessé. En manifestant sa compréhension elle se montre large, et en réduisant le phénomène à un lieu commun des relations mère-fille, elle le banalise. Très fort.
En ce qui concerne Banier, mon sentiment sur l'affaire est qu'elle est subjuguée par cet homme, sans doute par une passion de nature amoureuse. Si tel est bien le cas, comme je le pense, c'est un sale coup de la part de la fille que de tenter de faire passer sa mère pour gâteuse parce qu'elle refile en douce le blé à son amant.
De l'autre, le Banier, pour accepter sans sourciller un milliard d'euros de donation, il pose son personnage. J'aurais, je l'avoue, plaisir, pour le compte, à voir l'État prélever les taxes qui s'appliquent sur les donations de ce type. Ça ferait rentrer de l'argent dans les caisses de l'État et la morale y trouverait son compte. Amusant le Banier : un grand copain du communiste Aragon, si j'ai bien compris, en son temps. Plus arriviste que lui tu meurs. Pote de Beckett, d'Adjani, de Sarraute, bref, du tout-Paris bien pensant, riche et vertueux...
Il n'en reste pas moins que Liliane Bettencourt sponsorise des associations, des chercheurs, des prix avec son immense fortune. Bon, c'est fâcheux quand l'une des associations en question porte le nom de son père, fondateur du mouvement d'extrême-droite la Cagoule...Elle cite même son frère en page d'accueil de l'onglet de présentation de la fondation...Bon, ne chipotons pas, cette fondation subventionne la recherche contre le SIDA, des rénovations au Collège de France, des programmes de l'INSERM, des associations de lutte contre l'échec scolaire, bref, que du bon, objectivement.
Ce n'est pas à un État de décider de la manière dont un individu doit donner son argent, fût-il sous l'empire, une nouvelle fois, d'une grande passion. Donc, au-delà des aspects fiscaux de son histoire financière, je trouve que la volonté de placer Liliane Bettencourt de force sous curatelle s'apparente à une forme d'acharnement douteux.
Banier mis à part, elle me semble plutôt dépenser intelligemment une part de son immense fortune : cela nous change des jet-setteurs et de leurs fêtes minables et bling-bling où l'on craque l'argent en coke, alcool, groupes de rap et/ou de techno, automobiles de sport et de luxe, et cetera...
Liliane Bettencourt appartient à cette fraction de la très grande bourgeoisie qui estime que le mécénat est l'une des marques d'une haute éducation. Cela nous change des Zahia D. et autres footballeurs pourris de fric et égoïstes...