Le Musée de la Céramique de Rouen propose jusqu'au 26 septembre 2010 une exposition dédiée aux Emaux Atmosphériques.
> Plus d'info : http://www.musees-haute-normandie.fr/expo_temp.php3?lang=fr&id_article=5093
Dans le cadre du festival Normandie Impressionniste, en écho à l’exposition du musée des Beaux-Arts, le musée de la Céramique dévoilera un sujet peu connu de l’histoire de l’impressionnisme et de la céramique française. Près de 130 céramiques, accompagnées d’aquarelles et de dessins préparatoires, seront exposées sur quatre salles du musée pour tenter d’éclaircir les relations entre l’impressionnisme et les arts décoratifs.
Rapprocher les termes « céramique » et « impressionnisme » peut susciter l’étonnement et entraîner de nombreuses interrogations. Comment une céramique peut-elle être impressionniste ? L’impressionnisme n’est-il pas un mouvement uniquement pictural ? Réalisées dans le dernier tiers du XIXe siècle par des peintres côtoyant les milieux impressionnistes, certaines de ces pièces offrent une saisissante transposition de la technique picturale impressionniste sur céramique et traduisent, par le jeu chatoyant des oxydes colorés et de la brillance de l’émail, les effets de la lumière et de l’atmosphère sur le sujet.
En 1872, l’année où Claude Monet réalise sa célèbre toile Impression, soleil levant (musée Marmottan, Paris), Charles Haviland ouvre un atelier de céramique expérimentale à Paris, rue d’Auteuil. / Peu avant que Claude Monet ne réalise sa célèbre toile Impression, soleil levant (1872-73, musée Marmottan, Paris), Charles Haviland ouvre en 1872 un atelier de céramique expérimentale à Paris, rue d’Auteuil. Soucieux de moderniser la production des porcelaines de la manufacture Haviland de Limoges, il confie la direction de l’atelier parisien à Félix Bracquemond, graveur et peintre impressionniste, introducteur du japonisme en France.
Celui-ci refuse de faire appel à des céramistes de métier et s’adresse à des peintres issus des cercles impressionnistes pour réaliser de véritables peintures sur faïence et produire des œuvres d’art uniques. Félix Bracquemond introduit la technique du décor à la barbotine mise au point par Ernest Chaplet à la manufacture Laurin de Bourg-la-Reine. Grâce à cette innovation, de l’argile liquide colorée appliquée sur la terre cuite au pinceau, le peintre peut, comme sur une toile, diviser sa touche en empâtements colorés. Il dispose ainsi d’une grande liberté d’exécution pour capter le mouvement fugitif, suggérer les effets atmosphériques, traduire les effets de la lumière sur les couleurs et les formes. Les décors privilégiés de ces céramiques, les fleurs et les paysages, se déploient sur toute la surface des pièces qui arborent des formes nouvelles, parfois extravagantes, s’inspirant des céramiques de l’Extrême-Orient.De 1872 à 1881, l’atelier d’Auteuil de la manufacture Haviland entraîne ainsi une véritable révolution dans l’art céramique et un réel engouement qui aura gagné pendant cette décennie d’autres faïenciers français. Les ateliers de Bourg-la-Reine, Montigny-sur-Loing, Gien et Bourron-Marlotte se spécialisent ainsi dans la technique de la peinture de la barbotine sur terre cuite et font perdurer, jusqu’au début des années 1900 la mode de ces « émaux atmosphériques ».
(Texte : Musée de la Céramique)