Seulement voilà : on ne peut pas trouver indéfiniment une mesure qui fasse illusion ne fût-ce que quarante huit heures. Même avec de l'imagination, on s'épuise vite à ce petit jeu... La qualité des trouvailles finit par diminuer, et quand on atteint le fond du panier, on finit par ramasser des conneries.
Alors, après la succession d'histoires d'appart de fonctions, de cigares pharaoniques, de jets privés, d'injures proférées impunément dans un sens, mais dans l'autre au prix de condamnations, de blagues d'auvergnats, d'humoristes licenciés, de cumul d'honoraires et autres abracadabrantesqueries, voici venir le temps de la corruption. C'est en tout cas le mot employé par Ségolène Royal pour définir l'histoire des sous de Liliane Bettancourt... Personne d'autre de l'opposition ne s'est risqué à l'utiliser: même s'ils n'ont pas un si beau magasin de casseroles qu'à l'UMP, tous semblent avoir plus ou moins peur d'une vieille affaire qui surgirait trop opportunément des greniers d'un collectionneur de dossiers.
Et depuis , chaque jour apporte une révélation qui non seulement enfonce un peu plus Eric Woerth et son épouse, mais éclabousse son clapotis glauque jusqu'aux marches de l'Elysée... Au point que Claude Guéant élude le fond du problème en parlant de « chasse à l'homme », ce qui est en général la dernière défense du coupable aux abois...
Car au point où nous en sommes, ils faut bien qu'ils réalisent que plus ils diront « circulez, il n'y a rien à voir », plus ils nous persuaderont qu'on nous cache l'innommable derrière les portes matelassées des déclarations officielles.
Ces merdâtres relents de fin de règne qui se répandent dans les allées du pouvoir et empuantissent les palais de la république ne présagent rien de bon à une époque où chaque Français s'interroge sur l'avenir de son pouvoir d'achat, la pérennité de ses conditions de vie et la compétence réelle de ceux qui en ont la charge.
C'est le moment de relire « L'insurrection qui vient », rendue célèbre par la police elle-même lors du plouf paranoïaque de l'affaire de Tarnac, et qui démonte pièce par pièce le pourrissement de la démocratie par lequel on en est arrivé là. Ce qui ne signifie nullement qu'on soit ennemis de la démocratie, au contraire... Simplement soucieux de sa santé. Face à une dégénérescence, il faut faire une greffe, ou dans le cas de la démocratie, cesser d'en reproduire les édiles par inceste ou au sein d'élevages d'énarques, mettre fin au système des castes qui s'est installé et abolir le carriérisme. On achète ici ce livre indispensable au citoyen vigilant.