La fille qui se la pétait grave et se prenait pour une directrice de radio publique

Par La Chose

Hier soir, je papotais avec Loutre en sirotant un tilleul-menthe (qui est vraiment de saison) tandis que, des rues alentour, montait une clameur armoricaine toute en nuance et en retenue (sac’h kaoc’h de kac’her de bern kaoc’h) qui nous empêchait d’oublier que c’était soirée foot et bière, et aussi pizza, je crois, parce que le nombre de livreurs en mobylettes qui se sont fait mâchonner les mollets par Ted Bundy (qui est mon chien) était sensiblement plus élevé qu’à l’ordinaire.Ted Bundy n’aime pas les jeunes en mobylettes, c’est un trait de caractère bizarre qu’il partage avec Louis-Marie, le voisin du bout de la rue, qui est président de l’association des parents d’élèves de Sainte Fistule et qui m’inquiète parfois à cause de sa mèche, qu’on dirait celle de Hitler mais couleur filasse, et aussi à cause de cet air qu’il a tout le temps et qui me donne l’impression qu’il va claquer dans la seconde qui vient à cause qu’il ne pète jamais et que donc il est trop plein de tout un tas de saloperies.

Donc, je papotais avec Loutre à propos de nos vacances: les valises qui tiendront jamais dans le coffre de la Clio, Phlegmon qui va vouloir emmener sa collec’ de poupées vaudou (ma belle-mère, elle a déjà fait deux syncopes), le meilleur moyen de freiner le chien dans ses quêtes frénétiques pour dénicher les excréments animaliers les plus frais (Ted Bundy n’est peut-être pas un grand chasseur de faisans, mais pour ce qui est de la merde, il s’y entend, et pas qu’un peu), et puis aussi un peu le Pas Blog.

(Moi): – Quatre semaines sans accès au Pas Blog…(soupir)
(Loutre): – Oui, j’allais le dire. De vraies vacances.
(Moi) : – Ha ha ha.
(Loutre) : – Pas de « Pas Blog », pas de Ulike, pas de Facebook ni de débiles congénitaux en train de meugler « #FOLLOW! » sur votre connerie de Twitter. Le rêve. Le Paradis.
(Moi): – Bah je m’en tamponne, de toute façon avec mon Iphone qui sert à rien mais qui en jette, j’ai téléchargé une application qui me permet de répondre aux commentaires!
(Loutre): – ….
(Moi): – Ben quoi?
(Loutre): – Y’a une application pour te finir à coups de batte de baseball sur le parking d’une supérette de province, sur ton Iphone?
(Moi): – T’oserais pas.
(Loutre): – Nan, t’as raison. Regarde-moi bien.
(Moi): – ….
(Loutre): – ….
(Moi): – Bon. Mais ça risque d’être le bordel dans les commentaires, pendant mon absence…Imagine, si des Jeunes Populaires venaient à passer sur mon blog…ou pire, des fans de PZK…
(Loutre): – Ben tu fermes les commentaires. Et si tes connasses de lectrices se mettent à râler, tu fais comme Philippe Val: tu te drapes dans ta dignité offensée, tu les traites de nazies et tu leur rappelles que Jean Moulin a souffert pour qu’elles puissent faire du shopping librement aux Halles le samedi matin. Tu les compares à Pinochet, tu leur demandes si elles ont déjà retourné un bébé phoque comme un gant après l’avoir vidé de ses organes. Tu leur parles de l’Amazonie qui disparaît et tu leurs fais sentir ta très grosse indignation, en leur rappelant que si elles se torchaient avec du papier recyclé, on n’en serait pas là. Tu les accuses de soutenir Ben Laden et de regarder L’île de la tentation en écoutant le dernier album de Fatal Bazooka.
(Moi): – Ah oué…pas con…t’aurais dû faire Sciences Po, Mamour, à toi l’oseille et le pouvoir, je t’assure.
(Loutre): – C’est ça. Maintenant t’es gentille, tu m’enlèves ce bonnet péruvien et tu viens faire ta valise.
(Moi): – Hoy te he visto, con tus libros caminando, y tu carita de coqueta
(Loutre): – Et pose-moi cette flûte de pan, nom de Dieu!
(Moi): – tuiiii tuiiiii tûuûû fuiiiii….

Donc, chère lectrice, à partir de ce jour, et jusqu’à la réouverture de ce blog, considère-moi comme l’équivalent féminin du directeur de France Inter:
J’ai le pouvoir.
J’ai la thune.
Je grignote des apéricubes à l’Élysée en écoutant le Président de la République me raconter le dernier Max Pécas.
Par décret unilatéral et irrévocable, je décrète que les commentaires seront fermés à partir de dimanche.
Je te souhaite néanmoins d’excellentes vacances et je te rappelle que ton contrat ne sera pas renouvelé à la rentrée.

Voilà, c’est tout, tu peux disposer.


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