Au cours de ces quatre jours, je suis passé par tous les états d'âme. Samedi soir, à Courmayeur, après deux jours dans les montagnes et un peu plus de 80km au compteur, j'étais bien décidé à renoncer, convaincu que cette fois j'avais vu un peu trop grand et qu'il fallait revenir à la raison. Cette deuxième journée de stage fut en effet particulièrement délicate tant physiquement que mentalement. La faute en grande partie aux deux énormes ampoules apparues sous mes talons dès la première descente sur Saint-Gervais. J'eus beau changer de chaussures au pied de la descente, le mal était fait. Pourquoi les ampoules ? A priori à cause de mes chaussures. Depuis deux mois, je courais avec des Salomon XT Wings 2. Même si je n'avais pas eu de souci lors des 90 bornes du Merell, je ne me sentais pas spécialement à l'aise dedans. J'avais d'ailleurs racheté mes fidèles adidas juste avant de partir à Chamonix. Mais n'ayant pas eu le temps de les "faire", j'ai opté pour un départ avec les Salomon. Erreur fatale ! Quand j'ai remis mes adidas, il était trop tard.
Sportivement, ce stage m'aura appris pas mal de choses. Et principalement que c'est quand même un sacré morceau. Même sans problème physique genre ces maudites d'ampoules, pas évident d'aller au bout. Il faudra gérer gérer et... gérer. Gérer le physique (assurer un max dans les descentes par exemple où je suis toujours une quiche) et surtout gérer le mental et les inévitables moments de découragement. Sachant maintenant où je serai pour attaquer la deuxième nuit de course (vers Champex), va falloir s'accrocher...
Car c'est donc décidé, fin août, je serai au départ, avec le seul objectif de profiter de chaque foulée. Il parait qu'il ne faut pas chercher le chemin du bonheur car le bonheur c'est le chemin... Je verrai bien où me conduit le mien le 29 août.
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Sans doute vous attendez-vous un une tite opinion sur la Coupe du monde de foot. Entre ce qui s'est passé sur le terrain, dans les vestiaires, dans les avions, dans les journaux etc, il y a il est vrai de quoi dire... Vous me permettrez d'attendre la fin de la compète pour vous faire mon bilan perso. Promis, je vous dirai sincèrement ce que je pense des Bleus, du tournoi et... de la fameuse Une de L'Equipe. Là je pars un peu en vacances sur les sentiers corses. L'occasion de m'entraîner un peu mais surtout de remettre les idées en place, de prendre un peu de recul et d'essayer de sortir des réactions à chaud qui ne sont pas toujours les plus pertinentes. Et pas seulement pour analyser une Coupe du monde de foot...
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Dans la série recyclage voici deux des chroniques parues sur lequipe.fr. La première est consacrée à Caroline Avon, journaliste à Equidia et qui s'était lancé le pari de pouvoir participer à une course hippique. Il lui a fallu deux ans de persévérance pour parvenir à être au départ d'une des épreuves du Grand Prix de Diane à Chantilly. La seconde évoque bien entendu l'Ironman de Nice qui s'est disputé fin juin sur la Promenade des Anglais. J'ai profité de l'événement pour parler de l'esprit d'équipe.
Si ça vous intéresse, la chronique actuellement en ligne (et elle va rester deux semaines because vacances) traite des raids multisports. Estelle Patou, bien connue des triathlètes y parle de sa nouvelle passion. Tite Scarabée intervient également... ça fait un peu racolage mais si vous voulez ouvrir un compte (c'est gratos et ça prend 2 minutes) pour pouvoir laisser un commentaire, ça sera le bienvenu... (lien ICI)
Aller au bout de son rêve sportif réclame une implication maximale. Pendant deux ans, Caroline Avon s'est complètement investie pour gagner sa place au coeur d'un peloton de course hippique. Deux ans de sacrifices, parfois même de pleurs mais avec au bout la joie de l'objectif atteint.
« Est-il absurde de désirer l'impossible ? » Beaucoup d'entre vous se sont sans doute un jour posé cette question du bac philo de l'an dernier. Une réflexion qui nous passe parfois par la tête au moment de s'engager sur un trail, un marathon, ou n'importe quelle course qui représente un défi personnel, quelle que soit la distance. D'autres pratiques sportives auraient pu alimenter le discours des futurs bacheliers. Exemple.
Il y a deux ans, Caroline Avon, journaliste sur Equidia, la chaîne dédiée au cheval, annonçait son désir de participer au Prix de la Reine Marie-Amélie, course réservée aux cavalières amateurs lors de la prestigieuse réunion du Prix de Diane sur l'hippodrome de Chantilly. Un défi de plus dans la vie de Caroline, déjà auteur d'un saut record en parachute (saut en tandem à 11000m d'altitude) et de quelques plongées extrêmes dans les abysses du Pacifique. « Ma famille pensait que j'allais poser mes valises après mon mariage. Raté. Même chose après l'arrivée de ma fille. Encore raté. C'est ma nature. J'ai besoin de défis. La vie est courte et il faut s'offrir des sensations. Je préfère les grands plaisirs aux petits plaisirs. »
Même si Caroline montait déjà à cheval, ce nouvel objectif sportif laissa d'abord le monde des courses très perplexe. Ne s'improvise pas jockey qui veut. Dans la première partie de l'excellent documentaire réalisé par Equidia « Dans la peau de Diane » (la deuxième partie sera diffusée ce mercredi à 22 heures), on y entend quelques entraîneurs afficher leur scepticisme. « J'ai commencé à un âge (44 ans au début de l'histoire) où normalement on arrête, commente Caroline. Ma taille (1,73m) n'était pas vraiment un atout non plus... Mais j'avais un peu sous estimé l'ampleur du défi. »
Le projet qui ne devait initialement durer qu'un an s'étalera finalement sur deux. Avec la difficulté de devoir jongler entre sa vie professionnelle très prenante, sa vie de famille et sa fille Manon, un peu lasse sur la fin de l'aventure de voir souvent partir sa maman. Pas facile non plus d'enchaîner les réveils à 5 heures du mat' pour pouvoir être aux écuries de Guy Cherrel, alors que le jour n'est pas encore levé, quelles que soient les conditions météo. Pas forcément évident de retourner s'asseoir dans une salle de classe avec des gamins d'à peine vingt ans, lors des cours pour l'obtention de la licence de Gentleman Rider, point de passage obligatoire pour avoir le droit de monter en course. Pas facile surtout de gagner le respect du milieu. Au fil du temps, Caroline s'est pourtant fait accepter. « Il y a un vrai esprit d'équipe. On se lie d'amitié avec les cavaliers du matin. Beaucoup sont des préparateurs qui montent les chevaux le matin et qui laissent ensuite les cracks jockeys monter en course. Ils m'ont appris beaucoup, des mines de détails. Je dois beaucoup à ces gens de l'ombre. » Des remises en cause aussi comme lors de l'échec à sa première tentative pour la licence. Des larmes de déception avec l'impression qu'un rêve est en train de s'envoler, que tous les sacrifices consentis ont été vains. Puis quelques mois plus tard, des yeux qui brillent à nouveau, avec cette fois la délivrance du précieux sésame.
Dimanche dernier, dans l'ambiance si british de Chantilly un jour de Prix de Diane, la course ne s'est pas exactement déroulée comme elle l'avait sans doute rêvé. Un mauvais départ de Yellowman, son partenaire du jour, et la frustration de voir la course de derrière. « A l'arrivée, j'étais tout de même heureuse d'être allée au bout mais j'espérais c'est vrai faire un peu mieux. Après avoir recollé au peloton, au moment des derniers efforts, le cheval n'avait plus assez de gaz. » L'essentiel n'était pas là.
L'essentiel, ce sont les deux ans passés à mener ce projet à son terme. L'essentiel, ce sont les choses qu'elle a apprises sur elle. «Ecraser les autres n'a jamais été dans ma nature. Mais je me suis prise au jeu. Je me suis découvert une forme de compétitivité. » L'essentiel, ce sont aussi les rencontres inhérentes à ce type de défi, ces phases de démotivation et de ras le bol et la satisfaction de les avoir vaincues et surpassées. D'avoir aussi fait taire les inévitables détracteurs souvent nourris de jalousie. « On ne peut pas plaire à tout le monde. Je sais que certains pensaient que j'avais ma course grâce à ma carte de presse. Mais je n'ai rien volé et être journaliste a même été plus souvent un handicap qu'une aide. Etre dans le peloton, même derrière, ça ne se vole pas. » L'essentiel, c'est enfin les encouragements de sa famille, de ses ami(e)s, indéfectibles soutiens, c'est le partage de cette aventure, le partage d'une passion. Deux ans de vie. « La leçon de ces deux ans, c'est que lorsque l'on a un rêve, avec de la volonté, de la ténacité, on y arrive...mais il en faut beaucoup. » Avec à la fin de l'histoire, la certitude que désirer l'impossible n'a vraiment rien d'absurde.
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Avant de vous lancer dans la chronique, un grand bravo à 5 collègues de L'Equipe, Xavier, Christophe, Walter, Cyril et Renaud qui sont de nouveaux finishers de l'Ironman de Nice. Si Walter est un habitué, il s'agissait d'une grande première pour mes collègues de l'AS Running L'Equipe. Ces derniers mois, ils ont bouffé des bornes et des bornes pour être prêts le jour J. Mission accomplie pour les 5. Respect messieurs !
L'Ironman, version extrême du triathlon, est souvent présenté comme un effort uniquement individuel. Mais c'est souvent grâce au collectif que l'on devient un «homme de fer». Les participants de l'Ironman de France, dimanche à Nice le prouveront encore.
Dimanche, à l'heure où certains sortiront des boîtes de nuit de la Promenade des Anglais pour entamer une nuit réparatrice, d'autres seront sur le point d'attaquer une longue journée. Une très très longue journée même. Au programme l'Ironman de Nice ! Sur la plage du Centenaire, à 6h30, plus de 2500 triathlètes dont 58% d'étrangers venus de 66 pays s'apprêteront à s'élancer pour 3,8km de natation, 180km de vélo dans cet arrière pays niçois aussi splendide que pentu et enfin 42,195km à pied sur la Promenade des Anglais. Environ 8h30 d'effort pour les meilleurs, près du double (temps limite fixé à 16 heures) pour les plus modestes qui, la nuit déjà tombée, franchiront la ligne d'arrivée exténuée mais heureux. Simplement heureux. Heureux d'avoir participé à une grande fête, heureux d'être allé au bout de leur défi, heureux d'avoir vaincu les 21km d'ascension du Col de l'Ecre dont ils se souviendront de chacun des virages, de ce passage à Gourdon et son magnifique point de vue, de ces faux plats interminables alors que l'on croit avoir fait le plus dur en basculant du côté de Coursegoules. Ils se souviendront longtemps aussi de cette ambiance sur la Promenade à la fin de chacun des 4 tours à pied, avec une sono envoyant des watts à faire pâlir de jalousie un concert de vuvuzelas, de ces moments de solitude, là-bas, du côté de l'aéroport, à chacun des demi-tours, de ces encouragements de plus de 80 000 spectateurs et de ces 1500 bénévoles postés aux intersections ou aux multiples points de ravitaillements qui deviennent au fil des kilomètres du marathon de lointains phares pour coureurs en détresse en pleine tempête mais qui refusent de sombrer.
Qu'ils soient des champions comme l'Espagnol Marcel Zamora, vainqueur des quatre dernières éditions et recordman de l'épreuve (8h30'06''), ou de simples amateurs, tous se sont préparés depuis des mois pour cet effort que beaucoup croient solitaire. Solitaire ? Pas forcément. Mais solidaire, toujours.
Dans de nombreux clubs, un tel rendez-vous est souvent l'occasion de créer une formidable osmose. Séquence nostalgie. En 2008, avec mes coéquipiers du Meudon Triathlon, nous étions 26 au départ de cet Ironman (ils seront plus de 30, le 18 juillet prochain à Roth). Vingt-six à avoir compté, ensemble, les mois, puis les semaines, puis enfin les jours avant cet objectif commun. Bien sûr, il y eut le jour de la course avec la joie de voir arriver ses coéquipiers les uns après les autres, la tant convoitée médaille de finisher autour du cou. 26 au départ, 26 à l'arrivée ! Mais bien plus que ces quelques heures d'effort et ces regards complices à chaque fois que l'on se croisait sur le marathon, il y eut surtout tous ces moments partagés au cours de la préparation. Ces soirées à la piscine à aligner les longueurs, ces sorties vélo hivernales dans le froid et sur les routes de la Vallée de Chevreuse, ce stage effectué en compagnie des familles. De là est née une incroyable force. Cette force collective, c'est celle qui vous permet de vous faire violence quand le découragement se fait ressentir, c'est celle qui vous fait vous lever le matin uniquement parce que vous savez que vous allez retrouver vos compagnons. Dans ces moments, le sport n'est qu'un prétexte pour partager des émotions, pour partager des instants de vie tout simplement. Que ce soit pour un Ironman ou pour toute autre activité car les clubs et les associations sont une des bases de ce si précieux « sport d'en bas », socle de la vie sportive en France.
Dimanche, ils viendront de Rambouillet (8 au départ), de Grasse (13), Yerres (16), Charleville-Mézières (10), Saint-Raphaël (20), Saintes (17), Saint-Brieuc (16), Nantes (10), Royan (17) et bien sûr de l'Olympic Nice Natation (24), le club d'Yves Cordier, le grand organisateur de l'événement, mais surtout l'un des plus grands triathlètes français de l'histoire. Tous, au sein de leur club, ont vécu les mêmes émotions que celles que j'ai eu la chance de vivre il y a deux ans avec la famille du Meudon Triathlon. Et tous montreront une fois encore que le partage est une des des valeurs fondamentales du sport. La récente actualité du côté de l'Afrique du Sud a montré que certains sports collectifs pouvaient se transformer en un sport individuel, ou plutôt individualiste. Sur la Promenade des Anglais, loin des projecteurs médiatiques, d'autres prouveront que certains sports individuels peuvent aussi se vivre de façon collective. Là est en grande partie l'essence même du sport.