Zoé Shepard est l’auteur mystérieux du « roman-essai » (Je me permets de nuancer, vu le buzz incroyable que cette oeuvre de fiction a généré): Absolument débordée ou le paradoxe du fonctionnaire (Albin Michel). Sous la forme d’un journal, la narratrice, haut-fonctionnaire, conte ses « journées de travail » au sein de l’administration territoriale sur un ton des plus acides.
Beaucoup y ont vu une charge virulente contre l’administration, certains se sont reconnus dans les personnages de Zoé aux surnoms peu flatteurs. D’autres soutiennent l’auteur dans sa démarche et considèrent ces pages comme bénéfiques. Et il faut bien reconnaître que l’affaire est délicate et sensible.
Tout agent de la fonction publique est soumis à un devoir de réserve et de discrétion, tout en bénéficiant, comme tout citoyen de la liberté d’expression. Or Zoé Shepard est, dans la vraie vie, un haut fonctionnaire en poste au Conseil régional d’Aquitaine.
Elle devait même intégrer une Chambre régionale des comptes, sans doute mieux adaptée à son profil et à ses aspirations.
Avec cette fiction qui se voulait piquante, dans la veine du « Journal de Bridget Jones » et du « Diable s’habille en Prada », Zoé a manqué son but. Elle encourt une lourde sanction. Un coup sérieux porté à sa carrière. Lauren Weisberger a attendu de quitter Vogue pour épingler la terrible Anna Wintour, Zoé aurait peut-être gagné à en faire autant.
J’ai lu ce roman en deux heures, lors d’un aller-retour Alençon-Caen.
A titre personnel, j’ai été déçue. Répétitif, au style quelque peu cavalier, l’ensemble a parfois basculé inutilement dans la facilité et la méchanceté. L’auteur a beau avoir fait ‘hyper attention », l’institution est reconnaissable grâce à de subtils mais nombreux indices. Je pense notamment à l’ Espagnole venue travailler dans le service pour favoriser la coopération entre collectivités…
C’est une triste histoire mais il est peut-être encore temps de transformer ce désastre en opportunité.
Pourquoi ne pas associer Aurélie-Zoé à une réflexion apaisée, sincère et collective autour du fonctionnement de l’administration.
Elle dit partager les valeurs de service public, elle a voulu prendre la parole et a suivi une formation solide.
Pourquoi ne pas recourir à ses talents ?
C’est une piste à explorer… Qu’en pensez-vous ?