Ce livre n’est pas un roman, ni un recueil de nouvelles, ni un récit de voyage, ni un récit tout court, ni un essai, ni une autobiographie .Comment le définir alors? J’ai beau le tourner et le retourner dans tous les sens, rien ne l’indique.Maintenant que je l’ai terminé je peux dire qu’il s’agit d’une enquête, mi sérieuse, mi loufoque sur une question existentielleFaut-il avoir peur de la mort?L’auteur interroge les grands anciens qu’il a beaucoup fréquentés : Montaigne, Jules Renard, Arthur Kœstler, Somerset Maugham puis ses proches, ses parents et son frère, grand spécialiste d’Aristote.J’ai ri à plusieurs reprises. J’ai sauté des pages aussi parce que ce n’est pas un récit justement !C’est le genre de livre à butiner, à droite, à gauche, par-ci, par-là, à sauts et à gambades - clin d’œil ici à Dominique et à son blog, (ce livre est fait pour elle, je crois)J’ai eu l’impression d’une conversation légère sur un sujet sérieux, avec une personne charmante, très cultivée et pleine d’humour. J’ai bien aimé. Ce que je retiendrai :Je ne crois pas en Dieu, mais il me manque. (Mon frère) a répondu par un seul mot : Guimauve! Ce frère aîné, Jonathan, a droit à de très beaux portraits, disséminés chemin faisant..C'est un philosophe renommé ayant enseigné à Oxford et à la Sorbonne. Il vit aujourd'hui dans la Creuse où il élève des lamas, en costume du XVIIIe siècle "dessiné pour lui par sa fille cadette: haut de chausses, bas, chaussures à boucles et pour le haut, gilet de brocart, lavallière et cheveux longs noués en queue de cheval." Ils s'aiment et s'estiment mais ne sont d'accord sur rien même pas sur leurs souvenirs communs. Si c'était un roman, j'aurais découvert quelque secret de famille Ceci n'est pas, à propos, " mon autobiographie" et je ne suis pas non plus en quête de mes parents. Ce que j'essaie en partie de faire - et qui peut paraître inutile - c'est comprendre à quel point ils sont morts.Vous voyez pourquoi je suis romancier? Trois récits contradictoires du même événement,un par un participant,deux fondés sur des souvenirs d'une histoire racontée il y a trente ans; la soudaine insertion de nouveaux éléments...Un romancier est quelqu'un qui ne se souvient de rien, mais qui enregistre et manipule différentes versions de ce dont il ne se souvient pas. Bon, dans l'ensemble,c'est quand même très proche d'une autobiographie mais où l'on prend surtout conscience qu'on n'est jamais sûr de rien ou de si peu , non seulement sur ses ancêtres mais sur soi-même. Rien à craindre, parJulian Barnes, trad. de l'anglaispar Jean-Pierre Aoustin, Mercure de France, 302 p. Nothing to be Frightened of :