« En Amérique, la dette du secteur privé seul est passée d’environ 50% du PIB en 1950 à près de 300% lors de son pic récent ». La note moyenne des obligations des entreprises, donnée par les agences de notation, est passée de A à BBB- (de moyen à juste au dessus de « junk bond » - spéculatif). Les gouvernements ont encouragé ce mouvement en abaissant à chaque crise les taux d’intérêt pour faciliter toujours plus d’emprunt. Ce que, d’après The Economist, viendrait aggraver des promesses de retraites beaucoup trop généreuses. Une autre forme de dette.
Un changement compliqué s’annonce. Non seulement, il va falloir modifier notre attitude à la dette, mais aider ceux dont la vie en dépend à décrocher. Sans compter que pour que nous puissions économiser, il faut que les pays émergents dépensent, ce qu’ils ne font pas.
Deux réflexions :
- Curieux qu’une société puisse ainsi se persuader qu’elle peut repousser ses obligations sur ses descendants. Mais qui en a profité ? Pas la majorité de la population française, me semble-t-il. Et si tout s’était joué comme dans l’affaire Enron ? Jeffrey Skilling, constatant que ses brillantes idées ne rapportaient pas assez à sa société, a eu l’idée d’en modifier la comptabilité, traitant comme présents les flux de revenus futurs (ce qui est légal). Comme lui, l’élite financière internationale poussée par la volonté de s’enrichir a-t-elle cru que l’endettement maquillé était le moyen le plus rapide de réussir ? Ce qu’elle a appelé, comme Enron, une « innovation » ?
- Faut-il incriminer la finance internationale où fut-ce un mouvement global ? Une volonté de jouissance immédiate, de libération 68arde, qui a pris une forme particulière chez les puissants ?
Compléments :
- EICHENWALD, Kurt, Conspiracy of Fools: A True Story, Broadway Books, 2005.
- McKinsey explique la crise : où l’on voit une justification de l’endettement comme moteur du capitalisme.