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Le fiasco des Bleus; ce qu’en pensent les Français

Publié le 02 juillet 2010 par Delits

Anelka-Va-te-faire-enculer

Quelques jours après le fiasco de l’équipe de France en Afrique du Sud, Délits d’Opinion est revenu sur chacun des  événements et le ressenti exprimé par l’opinion publique. De la Une de l‘Equipe aux propos supposés de Nicolas Anelka en passant par l’attitude de la Fédération, tous ces épisodes ont été disséqués et analysés par les Français, leur jugement est sans concessions!

Les Français taclent le foot Français

Mardi 22 juin, à quelques heures du troisième et dernier match de l’équipe de France en Afrique du Sud, l’Institut BVA avait demandé aux Français de pronostiquer le résultat final de cette rencontre. Dans leur immense majorité les Français ont répondu que le pays « ne parviendrait pas à se qualifier»  (95%), plus d’un sur deux prévoyant même une défaite (52%) face au pays hôte, modeste 83e au classement de la FIFA. Si souhait et opinion expriment un message différent, ces réponses semblaient néanmoins signifier la même chose : baissons le rideau, et tournons la page de ce nouvel échec.

Dans un récent article publié un mois avant le début de la compétition nous avions mis en lumière les multiples fissures qui se faisaient jour entre l’opinion publique, la Fédération, l’entraîneur et les joueurs; des « incompréhensions»  devenues fractures profondes au lendemain du fiasco des Bleus, comme l’avait décrit notre expert E. Bieldermann de l’Equipe.

Aux yeux des Français, ces trois dernières semaines ont été à la fois l’apothéose et le symbole d’une équipe et d’une Fédération qui marchaient sans cap et sans vrai commandant; Un des éléments qui a d’ailleurs pu expliquer la politisation progressive de cette affaire. Au delà du jeu, des ambitions et des erreurs de communication à répétition de Raymond Domenech, il est apparu très clairement que l’équipe de France ne faisait plus rêver les Français, qu’ils soient simples spectateurs ou véritables supporters. En effet, seuls 5% des amateurs de football croyaient en une possible qualification des Bleus pour les 8e de finale alors que dans une enquête réalisée pour l’Equipe en mai 2010, seuls 11% des Français voyaient la France comme un potentiel champion du monde; un score inférieur à celui de tous les autres pays.

C’est grave docteur?

Sur le banc des accusés, Les Français mettent côte à côte tout le système fédéral, le sélectionneur et les joueurs. Élément intéressant, le sélectionneur qui a longtemps du porter seul le costume du bouc-émissaire ; a désormais  des camarades sur le banc des accusés : 57% des Français le jugent responsable de la crise actuelle contre 65% pour les joueurs et 50% pour la fédération selon le sondage BVA.

Dans le détail, on note que, chez les Français qui ne se déclarent pas intéressés par le football, 7 sur 10 font des joueurs les principaux responsables, rappelant à tous que jusqu’à preuve du contraire le football se joue toujours à 11 contre 11 sur un rectangle vert et avec un ballon.  Plus préoccupant est le constat dressé par les amateurs de football. Selon eux, le principal responsable de cette crise est la Fédération, instance suprême du football français qui n’aurait pas su faire les bons choix, ni encadrer la maison bleue. Selon une enquête CSA, 71% des Français souhaitent que le Prsident démissionne de son poste.

Ainsi, près de 8 Français sur 10 pensent que cette affaire a été grave (79%, dont 48 très grave). Chez les passionnés de football, la proportion atteint même 86%, preuve que la magie semble s’être dissipée et que l’urgence est à la clôture de ce bien triste chapitre de notre histoire sportive.

Le sondage réalisé par L’Ifop pour Dimanche Ouest France va lui encore plus loin en affirmant que 53% des Français voient dans cette polémique la démonstration que la société française est en crise et qu’elle perd progressivement ses valeurs.

L’élément déclencheur et amplificateur, la Une de l’Equipe

En France, le quotidien sportif est une espèce en voie de disparition, le 10 Sport et Aujourd’hui Sport quasi disparus, l’Equipe conserve son monopole sur l’information sportif quotidienne et trône aujourd’hui encore sur le podium des quotidiens les plus lus par les Français. Pourtant, cette situation n’empêche pas sa rédaction de vouloir toujours faire mieux et donc vendre plus. En prenant la décision de faire paraître à sa Une des insultes, un véritable choix éditorial a été fait et assumé. Jour de grande diffusion, le samedi est apparu comme une formidable opportunité pour la rédaction en chef.

En repoussant ainsi encore un peu plus les limites de la déontologie journalistique, les dirigeants ont démontré que la disparition du off et sa révélation en Une était également  possible en presse écrite. Ce comportement a d’ailleurs été rejeté par un majorité des Français (57%) qui ont jugé que le quotidien avait eu tort de diffuser en Une ces propos. Les femmes (61%), plus que les hommes (47%) confirment ce jugement et démontrent qu’il y a quelques chose de « pourri»  dans ce tout médiatico-footballistique.

Etat des lieux

La révélation de propos de vestiaires, élément jusque là sacré dans le monde sportif, a terni encore un peu plus l’image de cete équipe de France et de ses joueurs. La chasse à l’homme médiatique et la « traque du traître»  ont conduit à renforcer la logique de clans existante. Ainsi, la désamour est aussi celui des hommes. Hier génie précoce du football français, Nicolas Anelka est redevenu ce « bad boy » du foot français que l’on avait presque oublié (65% de mauvaises opinions).

De la même façon, Franck Ribery, la nouvelle coqueluche des médias et du grand public est lui aussi victime de cette crise : 55% d’opinions négatives alors qu’ils avait été fortement soutenu lors de ses déboires extra-sportif. A ce petit jeu des intimidations, la victime présumée, le bordelais Y. Gourcuff conserve une forte côte de popularité: 63 d’opinion favorables. A n’en pas douter, ces éléments et les suites qui seront données à cette affaire influenceront Laurent Blanc, nouveau sélectionneur de l’équipe de France.

On dit souvent que le pays compte autant de sélectionneurs que d’habitants. Le dernier chapitre de l’ère Domenech a démontré que l’opinion publique exprimait un message parfois utile. Le traumatisme provoqué par cette affaire restera, c’est certain, a jamais gravé dans notre histoire. Il rejoindra Séville 1982, France Bulgarie 1993.  En espérant que les lendemains seront aussi fastes que L’Euro 1984 et la coupe du monde 1998; c’est tout le  mal que les Français semblent souhaiter au nouveau sauveur, Laurent Blanc.


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