Jean-Luc Sarré est né à Oran en 1944. Il habite Marseille
depuis 1962. A côté des nombreux détails biographiques qui figurent dans
le n° 113, mai 2010 du Matricule des Anges (interview et articles de Thierry Guichard)
on peut rappeler que ses premiers poèmes paraissent en 1970, dans la
revue Sud lorsqu'elle était dirigée par Jean Malrieu. Pendant
plusieurs années, il travaille pour la librairie La Touriale de Jean
Puech dont j'ai raconté l'histoire sur ce lien : dans la cave de
cette librairie, il programme librement des expositions d'artistes comme
Nasser Assar, Yvan Daumas, Alain Diot, Denise Esteban,
Dominique Gutherz, Anne-Marie Jaccottet, Claude Garache, Annie Sallard et
Georges-Jean Clos.
Par la suite, grâce à l'amitié de Nicolas Cendo, il participe aux
manifestations (catalogue et exposition autour de Peinture / Poésie)
réalisées en décembre 1981 par la ville de Marseille, à propos des Archives des
Cahiers du Sud / Rivages des origines. Germain Viatte l'invite à travailler à
partir du Musée Cantini pour l'exposition La Planète affolée /
Surréalisme, dispersions et influences 1938 / 1947 qui inaugurait en
avril 1986 les espaces muséologiques de la Vieille Charité de Marseille.
Il lui arriva de publier des poèmes dans des revues comme Argile, Port des
Singes, La revue de Belles-Lettres, Moriturus et Action Poétique. En compagnie
de Margaret Drot et d'Emmanuel Ponsart, Jean-Luc Sarré est associé dans
l'ancien Couvent du Refuge du quartier du Panier aux toutes
premières saisons (1989-1990) du Cipm de Marseille à l'intérieur
duquel il joua le rôle dubibliothécaire
: Thierry Guichard indique qu'il s'agit de "son dernier
emploi salarié".
A propos du parcours de Jean-Luc Sarré, cf dans le n°19 & 20 de la revue Il
Particolare, un ensemble de textes réunis par Jean-Pierre Boyer, avec des
dessins de Serge Plagnol. On y trouve des contributions
de BernardNoël, Pierre Chappuis,
Jean-Baptiste Para, Catherine Brun, Gilles Ortlieb, Emmanuel Laugier,
Alain- Christophe Restrat, Anne-Christine Royère, Christophe Fourvel, Christian Garcin,
Francois Zenone et Nicolas Cendo.
Extrait du texte donné par Nicolas Cendo, ″Un store s'est mis à battre″, voici
le paragraphe qui suit : "Au fil des livres parus entre 1983 et 1990, les poèmes de
Jean-Luc Sarré sont traversés par l'impression de parvenir toujours trop tard,
comme si une implacable sentence pesait sur leur avènement, non pour amoindrir
la tension et la force, mais pour que la langue et la voix sachent garder leur
place, ne viennent en aucun cas rompre la retenue absolue du vers dont la vraie
vocation se tient du côté des vaincus, jamais des vainqueurs : "Il croise
un champ / un autre / il ne croise que ce qu'il nomme / ce qu'il tait
l'accompagne". Mais le fait d'être ainsi dessaisi, mis à l'écart de tout
objet, de tout désir, mémoire et avenir confondus, aussi inconfortable soit-il,
peut ouvrir à une forme détournée d'avantage. Porter le monde et le risque de
s'y trouver, sans subir son élan, ni son ailleurs, en aimant plutôt son envers
qui est l'ennui. Qu'il se confine au périmètre d'une chambre, d'un jardin, de
la place poussiéreuse et vide écrasée de chaleur d'une bourgade d'Afrique du
Nord, où le possible et le non-lieu rôdent à égale distance ; l'enfant puis le
jeune homme s'y abreuvent d'errance, longent les bordures de ce qui pour
toujours fera défaut. Pour longtemps il faudra faire avec cela, tenir la langue
comme goutte qui suinte sur la cruche glacée d'un ici torride seulement
justifié par la soif qu'il suscite".
bibliographie :
La Fièvre, Lettre de Casse, 1979.
La Reprise, Orange Export Ltd, 1982.
Jardins, Atelier des Grames, 1983.
Extérieur blanc, Flammarion, 1983.
Celui-ci n'a pas de nom, Le Voleur de
Talan, 1984.
La Chambre, Flammarion, 1986.
Cela me rappelle la lumière ,
Avec/Royaumont, 1987.
Les Journées immobiles, Flammarion,
1990.
Comme un récit, Étant donnés, 1991.
Rurales, urbaines et autres, Fourbis,
1991.
Embardées, La Dogana, 1994.
Au crayon, Farrago, 1999.
Affleurements, Flammarion, 2000.
Bardane, Farrago, 2001.
Poèmes costumés, Farrago, 2003.
Bât B2, Farrago, 2006.
La part des anges, La Dogana, 2007.
Autoportrait au père absent, Le Bruit
du temps, 2010.
Comme si rien ne pressait. Carnets
1990-2005, La Dogana, 2010.
par Alain Paire