Synopsis :
William, 17 ans, solitaire, passe son temps sur internet et ouvre un forum de discussion pour les adolescents de sa ville.
Rejoints par Eva, Emily, Mo et Jim, tous vident leurs sacs sur leurs parents, leurs soi-disant amis, leurs émois, leurs traumatismes. William, très à l’écoute, les conseille et les incite à s’affranchir de leurs problèmes par l’action…
Aucun d’eux ne sait que dans la vie réelle William est un adolescent perturbé, et qu’il est déterminé à influencer le groupe sur son Chatroom « à la vie - à la mort »...
Critique :
Oh mon dieu ! Je suis tellement énervé par Chatroom que cette critique passera en priorité sur pas mal d’autres (désolé pour ceux qui attendaient Predators ;) )
Bref. Présenté cette à année à Cannes dans la sélection Un Certain Regard, Chatroom du réalisateur japonnais Hideo Nakata (The Ring) est un thriller cherchant à mettre en exergue les déviances qu’offre Internet par l’intermédiaire des chat de discussion et son impact sur les gens de la génération X. Point intéressant, l’allégorie de la salle de discussion, ici représentée par une véritable salle fermée avec ses codes, ses accès et son effervescence. Une métaphore très réussie sublimée par une photographie exquise. D’un élément qui pourrait sembler tous sauf intéressant (une bande de jeunes qui discutent sur internet), Nakata arrive à faire du chat un véritable lieu vivant dans lequel tout spectateur ayant déjà surfé saura trouver ses repères.
Mais passée la réussite technique du contenant, le contenu du film s’avère risible, très longgggg et surtout caricatural à l’excès. La restriction à une bande de 5 jeunes aurait dû permettre à Nakata de mettre de sortir un ou deux membres « extrêmes ». Ici, aucun ne semble normal ! Outre William (Aaron Johnsson pathétique dans le rôle ne jouant qu’avec deux expressions max) dont l’ambigüité est comprise dès les premières minutes, nous devons faire face à une ado blonde mannequin, une fille gentille donc forcément fille de bourgeois coincés, un black flashant sur une fille de 11 ans et un dépressif. Une parfaite représentation de la jeunesse d’aujourd’hui, une jeunesse entièrement névrosée et ce, peu importe la classe socio professionnelle.
Plutôt que de montrer des fenêtres de chat, Nakata préfèrera une représentation littérale avec de longues tirades entre les adolescents à base du langage SMS d’aujourd’hui. Ces séquences sont efficaces mais évidemment bien trop nombreuses tant et si bien que le l’intérêt présent au début du film de ne se maintienne bien longtemps. Dès le départ, un pédophile travesti en petite fille fera son apparition dans le chatroom et montrera à quel point Nakata accumule ici les clichés les plus faciles de l’évocation d’internet…
Si l’aspect thriller prend son sens lorsque l’on découvre petit à petit les pulsions macabres du leader du groupe (je ne spoile rien, on voit tout dans le trailer ;) ), la manière pachydermique de l’amener ne pourra que laisser un gout amer aux utilisateurs d’internet réguliers que nous sommes et avons été étant plus jeunes. La vision de Chatroom est à peu de chose près la même que celle d’un reportage de 13h sur TF1 traitant d’internet. Une vision étroite et extrême présentée comme étant la dangereuse normalité.
Le synopsis offrait à la base un réel potentiel grâce à un sujet passionnant. Cette triste simplification aura raison de toute crédibilité et de tout intérêt.
Sortie officielle française : 11 aout 2010