Voilà comment je suis, il y a cent mille ans
Que je regarde ce que soudain j’aperçois
Une seconde! Et j’ai là tout entier le temps
Que mes cent mille aïeux contemplent avec moi.
Je vois ce qu’ils n’ont pu voir, car pour eux piocher,
Mettre à mort, embrasser, créer, c’était la loi.
Mais eux, plongés au sein de la matière, ils voient
Ce que moi je n’aperçois pas, pour dire vrai.
Nous nous connaissons comme la joie et la peine.
Le passé est à moi, le présent leur revient.
Nous écrivons ces vers, et ma plume, ils la tiennent;
Je suis sensible à leur présence et me souviens…
(Attila Jozsef)
Illustration