A-t-on le droit de confondre impunément irrévérence et grossièreté, humour et injures ? Surtout lorsque l’on s’exprime sur un média de masse ? Le « statut » d’humoriste permettrait-il de dire n’importe quoi au nom de la liberté d’expression ? Le pouvoir de s’exprimer ne comporterait-il aucun contre-pouvoir ? Peut-on admettre qu’il n’existe aucune limite à la liberté d’expression pour ceux qui s’attribuent le titre d’humoriste ? Qui a la légitimité de décider s’il existe des limites et ce qu’elles sont ? Dans toute entreprise, un salarié qui se permet d’injurier un actionnaire ou son manager est immédiatement sanctionné. Pourquoi les soi-disant humoristes seraient-ils à l’abri d’une telle sanction au prétexte que leurs propos sont humoristiques ? Qui a la légitimité pour dire qu’un discours est humoriste ou injurieux ? Le statut auto-proclamé de l’auteur est-il suffisant ? Comment se fait-il qu’il existe des humoristes que l’on ne peut suspecter de connivences avec les pouvoirs et qui ont su exercer leur talent reconnu unanimement sans jamais verser dans l’injure et tout en exprimant leurs convictions ? Voilà un certain nombre de questions qu’il aurait été bon de se poser avant d’aller manifester devant la maison de Radio France en réclamant la démission de ses managers. On regrette la disparition de Pierre Desproges !