On est presque entré dans la derrière ligne droite du mondial de football. Ce qui veut dire que dans quelques jours cameras et micros arrêteront d'immortaliser un événement qui génère tant d’émotions, de passion et de ferveur. Le foot est ravigotant, plaisant, chavirant. Pour parler comme le vilain Staline, il est ce nouvel opium des sociétés modernes. Naguère, il plût à Albert Camus, à Jean-Paul II, et plus modestement, à l’adolescent que j’ai été. J’ai aimé ses idoles d’hier. Mais, tout de suite, j’arrête ce panégyrique. Car, au fond, à mes yeux, le ballon rond a cessé d’être grisant. Le dieu-argent est devenu son unique centre névralgique. Aujourd’hui, on n’encense plus ses beautés, ses valeurs. On ne joue plus pour le maillot. On célèbre l’ego. Songez un peu aux Bleus ridicules, à la Squadra Azzura poussive. Heureusement qu’ils sont là les Bafana Bafana. Mes Bafana bafana !, oserais-je dire. Acclamés par les vuvuzuelas stridentes, soutenus par tout un peuple bigarré et réconcilié, ils sont ma joie. S’ils ne sont pas les meilleurs de cette farandole footballistique planétaire, ils en sont tout de même les champions en matière de fair-play. Ils sauvent le foot de ses turpides.