La décision du maire de Louviers d'écrêter son indemnité municipale en faveur de sa compagne fait le buzz sur Internet. Je viens d'être appelé par un journaliste d'une grande agence de presse nationale qui a lu sur ce blog mon article intitulé « le maire de Louviers se balkanyse. » Il se dit très intéressé par cette information et comme il est bon journaliste, il se livre à une enquête complète voire exhaustive pour comprendre le fonctionnement de Franck Martin, maire de Louviers. On peut donc s'attendre à des développements nationaux et, qui sait, à découvrir un article dans Le Canard enchaîné spécialisé dans les révélations à la fois opportunes et légitimes s'agissant de l'utilisation de l'argent public.
Evidemment, lui aussi considère que le cumul des mandats et des indemnités est un mal bien français. Il ne connaît pas beaucoup de situations comparables et s'étonne que les élus fassent preuve de tant de largesse avec ledit argent public. Des largesses bien ciblées, personnellement intéressées, et — ce qui est effarant — justifiées par les personnes qui en bénéficient. Il arrive un moment où l'usure du pouvoir, les habitudes (mauvaises) l'absence d'opposition interne, aveuglent les élus et les éloignent des réalités. Aujourd'hui, qui peut sans sourciller, palper 9600 euros (car il s'agit bien de cela) quand la loi cherche à limiter le plafond à 8200 euros !
Il faut être bien peu scrupuleux pour affirmer péremptoirement comme le maire de Louviers le fait dans La Dépêche de ce jour, qu'une indemnité totale de 8 200 euros est bien ordinaire eu égard au travail accompli. Attention ! Il n'est pas question de contester la nécessité de verser des indemnités correctes aux élus. Ce qui est contestable, c'est la course aux mandats, la chasse aux indemnités que j'avais dénoncées lors de la campagne des cantonales. J'avais mis le doigt sur les risques évidents engendrés par ces excès, le pire étant sans doute l'incapacité d'assumer chaque mandat dans sa globalité. La plupart des élus cumulards rétorquent qu'ils délèguent, font confiance...le fait est que plusieurs élus de la majorité municipale étaient absents de la séance de conseil de lundi sans avoir donné de pouvoir. Compte tenu de la main de fer avec laquelle le maire tient sa majorité, cette attitude nouvelle de certains élus n'est absolument pas anecdotique.
Avec mon ami Reynald Harlaut, du Parti de Gauche, mes camarades du PS, du PC, du NPA, nous allons populariser cette affaire d'écrêtement. Elle le mérite, non par acharnement personnel, mais plutôt par obligation tranquille : une opposition correctement conduite doit veiller au bon usage des impôts des Lovériens !