Induit en erreur par la polysémie du mot temps, notre monarque avait en février dernier accueilli Hillary Clinton par cette adresse impérissable « sorry for the time ». Il avait ainsi démontré, de manière éclatante, son incapacité à manier une langue qui fait désormais partie du socle de connaissances de tout citoyen du monde.
Non content de cette lacune, il vient de manifester une nouvelle fois son ignorance du français, part intégrante de notre identité nationale. Parlant hier devant des parlementaires UMP, il a dit, à propos de ceux qui ont l’outrecuidance de mettre en doute l’intégrité du très pur Woerth : « On se fait donner des leçons de morale par des parangons de vertu ». Il voulait sans doute affirmer ainsi qu’il n’acceptait pas de recevoir des leçons de morale de la part de personnes qui n’en avaient guère. En réalité, il a dit précisément le contraire de ce qu’il voulait signifier.
Un parangon est un exemple parfait, mot issu de l’italien, qui désigne une pierre de touche. L’erreur de Nicolas Sarkozy vient du fait que, le plus souvent, parangon est employé dans des expressions négatives. On dit ainsi communément d’une femme aux mœurs légères qu’elle n’est pas un parangon de vertu.
L’emploi du pronom personnel on, d’usage très fréquent en français et qui indique une tendance soutenue à fuir ses responsabilités, ne nous permet pas de déterminer qui sont les destinataires de la leçon administrée : notre souverain, le woerthueux M.Woerth, comme le qualifie fort adroitement Hervé Le Tellier sur le Monde.fr, l’UMP, la majorité présidentielle, ses laquais, courtisans et aboyeurs ? Il me semble qu’elle s’impose à tous ceux-là.
Enfin, ce qui est dit, est dit. Acceptons cet hommage du vice à la vertu : voilà tous ceux qui se posent des questions sur l’intégrité de notre Ministre du Travail enfin reconnus comme des exemples parfaits de vertu.