Mediapart revient longuement sur cette période charnière fin des années 80 et ce que le site internet qualifie de premier accroc politico-financier pour celui qui devait devenir ministre de Nicolas Sarkozy. Le 26 janvier 1990, le Conseil d’Etat annule son élection au conseil municipal de Chantilly au nom de l’incompatibilité entre ses fonctions d’élu local et de directeur de l’ADO. Le 12 novembre 1992 surtout, la chambre régionale des comptes de Picardie lui adresse un lourd rappel à l’ordre. Dans un rapport définitif , la juridiction financière épingle la gestion de l’ADO sur la période 1986-1989.
L’image du gestionnaire vertueuxest sérieusement écornée. L’ADO est alors une association de type loi 1901, financée essentiellement par le conseil général de l’Oise détenu alors par le RPR. Un organisme privé a qui le département a délégué ses interventions économiques.
Une étrange délégation sanctionnée par la justice administrative mais qui n’empêchera pas l’association de fonctionner dans ce que la chambre régionale des comptes qualifiera de “vide juridique inacceptable“.
L’épisode épingle la gestion d’Eric Woerth. Mediapart indique que la juridiction financière s’étonne que “la gestion de l’ADO au cours de la période examinée avait été dispendieuse, pour des actions dont l’intérêt – dans le cadre de l’action économique du département – était souvent discutable“.
Le rapport s’attarde sur les rémunérations et les dépenses de plusieurs dirigeants de l’ADO – dont M. Woerth. Il est question des “graves abus financiers qui ont été commis depuis sa création et qui ont été rendus possibles par le fait que l’Agence, financée essentiellement par des fonds publics, n’est pas soumise au droit public, notamment à ses règles budgétaires et comptables“.
Sans tirer de conclusions sur la probité de M. Woerth, il apparaît que celui-ci n’est pas un homme désintéressé. Sur la période observée son salaire a connu de fortes augmentations agrémentées de primes conséquentes. Le rapport de Chambre régionale est explicite : “Ainsi après deux augmentations de 25,7% et 18,9% intervenues en juillet 1987 et janvier 1989, le salaire brut mensuel de Monsieur Eric Woerth, directeur général de l’Agence jusqu’en février 1990, a été porté de 23.400 francs en juin 1986, date de son recrutement, à 35.000 francs en janvier 1989. Cette rémunération était encore la sienne au moment de sa démission. A cette rémunération mensuelle, il convient d’ajouter les trois primes de fin d’année de 23.400 F, 29.418 F et 29.418 F qui lui ont été versées au titre des exercices 1986, 1987 et 1988.“
Rue 89 complète les faits en revenant sur les conditions de départ d’Eric Woerth de l’ADO. Après un arrêt du Conseil d’Etat annulant son élection au conseil municipal de Chantilly pour cause d’incompatibilité avec la direction de l’ADO, Eric Woerth, craignant à juste titre d’être également déclaré inéligible au conseil régional dont il était aussi membre, informait le président de l’ADO de son intention de quitter la structure dès le 8 février 1990.
“Eu égard aux excellents résultats de l’ADO sous sa direction”, le président de l’association décidait de lui octroyer une prime de fin de contrat d’un montant égal à cinq mois de salaire, soit 175 000 francs.
En attendant de se taire, n’en déplaise à M. Lefebvre, les langues auraient plutôt tendance à se délier. Le mélange des genres démontre ses limites. Aprés un dîner controversé avec l’héritier Peugeot , Le Monde révéle aujourd’hui une rencontre du même genre avec Liliane Bettencourt .