On est bien loin de l’époque où être qualifié de “senior” dans le monde informatique était synonyme de stabilité et de reconnaissance. Aujourd’hui, ces “seniors” sont confrontés à l’exclusion et à la discrimination au sein des directions informatique ou des SSII. La prestation informatique aurait elle une limite d’âge … ? La question semble absurde et pourtant elle reflète le marché de l’emploi IT actuel.
Si l’emploi des seniors est une préoccupation généralisée à tous les secteurs d’activité, dans l’informatique, elle est plus flagrante. On constate ainsi que le taux de plus de 40 ans y est deux fois moins important, atteignant les 10% contre 23,4% dans les autres secteurs. Pourquoi une culture “anti-senior” dans l’ IT ? Est-elle justifiée ?
A l’heure des débats sur l’âge de la retraite, 01.net met en exergue dans un article l’exclusion des seniors dans le monde informatique, il souligne un certain “jeunisme”qui fait figure de proue dans ce milieu. Les directions informatiques semblent justifier cette décision par des fins économiques ou encore des carences de productivité. Selon eux, un “senior” est une charge salariale lourde pour l’entreprise, leur mobilité reste restreinte et leur polyvalence technique est souvent remise en cause, autant dire que ces raisons suffisent au SSII pour évincer les seniors de leurs équipes. Néanmoins, les dirigeants de SSII, restent assez muets sur ce sujet, leur point de vue sur la question est très peu médiatisé.
Pourtant, comme le fait remarquer un article du jeudi.com, les seniors détiennent une multitude de ressources. Leurs facultés à apprendre des nouvelles technologies souvent négligées est un de leurs atouts. En effet, leurs expériences leurs permet d’anticiper plus facilement, ce sont de réels passionnés qui ne demandent qu’à se former aux nouveautés. Mettre leurs volontés d’apprentissage en doute tient plutôt du prétexte selon le journaliste de l’article. La raison qui semble se distinguer est : le salaire qui est plus conséquent en comparaison de celui d’un jeune diplômé. Cette considération financière, à l’heure de la course à la marge et aux économies, fait ‘loi’ dans le recrutement.
Outre le salaire, certains préjugés persistent. C’est du moins ce que l’on peut déduire de quelques témoignages de seniors, qui malgré une remise à niveau de leurs compétences et des prétentions salariales aux “rabais”, font face à des recherches d’emploi ou de stage qui demeurent infructueuses.
Conscient de cette discrimination, le gouvernement français à mis en place depuis Janvier 2010 une taxe senior censée sanctionner financièrement les entreprises qui n’auraient pas conclu de plan d’emploi en faveur des seniors. Ainsi, un défaut constaté de plan de recrutement (s’inscrivant dans l’intégration des seniors dans l’entreprise) aura pour conséquence l’acquittement d’un montant égal à 1% de leur masse salariale, auprès de l’État. Espérons que ces sanctions financières dissuadent les sociétés informatiques de pratiquer du jeunisme à outrance.
Notons enfin, que l’on assiste à un phénomène assez paradoxale. En effet, les technologies mainframe qui composent 80% du parc informatique en France sont de moins en moins enseignées dans les écoles et les seniors demeurent des experts dans le domaine. Plutôt troublant comme phénomène, il y a des besoins latents et des ressources en “stand by” ….
Difficile de comprendre quelles sont donc les barrières … Selon moi, elle tiennent plus de l’ordre du psychologique et de la tendance de nos sociétés contemporaines à exclure les seniors. Seul une prise de conscience collective, fera changer les choses. Quand pensez vous ?