Posté par fdesbordes dans : ecrits (quand j'ai de l'inspiration) , trackback
Elle m'a dit " arrête toi ici, j'ai envie de marcher seule ".
Alors j'ai éteint les lumières dans la brume grise et sa silhouette a disparu, happée par la pluie fine qui tombait en stries assassines. Je l'ai vu encore un temps marcher à reculons contre un vent angoissé, je croyais qu'elle luttait avec les éléments déchirés alors qu'à cet instant elle disait bye bye au monde en jouant à pile ou face avec une médaille.
Oui, j'ai regardé son ombre s'effondrer, incrédule; son corps figé qui capitule, ses doigts crispés sur le barillet et le canon encore fumant qui crachait la mort comme on tire au sort. Hagard, mon regard accroché à son anorak pétrifié et l'écume comme un linceul, gueule béante, le ressac qui l'agrippe, qui l'aspire vers ce tombeau liquide; dévorée par la mer tandis que le ciel s'éclaire. Je me vide.
Oui, elle a tiré sa révérence dans la confidence, loin de tout, comme une évidence.