Réfléchissez un peu au lieu de lire directement la réponse, bande de feignasses!
Je suis un mot qui vient toujours par paire (ce qui double directement mes occurrences) et suis en général suivi d'un point d'interrogation.
Je commence par t, finis par ouk... Je suis, je suis, je suis???!!!
Vous êtes vraiment trop forts, bravo, vous avez tous gagné l'encyclopédie Larousse en 22 volumes.
Nous avons eu l'inconscience de prendre une chambre près du lac, ignorant que cette prometteuse situation cachait le pire ghetto à touristes. A peine sortions-nous de l'hôtel que nous nous faisions alpaguer de tous les côtés. Les formulations variaient un peu, allant du poli « Do you want a tuk-tuk, lady? » au plus économique: « tuk-tuk ?» en passant par « Tuk-tuk lady? » Pour ceux qui sont vraiment trop nuls en anglais, je traduis: « Désirez-vous, Mademoiselle, que je vous conduise quelque part avec ma mob à remorque, moyennant une compensation financière que j'espère la plus élevée possible? »
La balade à pied tranquille, tu oublies. Tu respires, tu gardes ton calme, tu dis poliment « no thanks » avec un sourire mais au bout de la vingtième fois en 3 minutes, tu dois vraiment lutter pour ne pas laisser exploser un « NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO » tonitruant et désespéré.
La cerise sur le gâteau, c'est la fois où après avoir dit non au touk-touk 3 fois 5 secondes, j'ai entendu une petite voix me suggérer, pleine d'espoir: « motorbike? ». Eh oui... le taxi-mobylette est une alternative au touk-touk, moins chère et davantage chargée en adrénaline (cf récit qui suivra dans un post ultérieur).
Seule solution: aller s'asseoir dans un tuk-tuk and motorbike free café... où viennent t'assaillir les vendeurs de livres photocopiés (bons livres, au demeurant) (mais quand tu en as déjà acheté 3 et que ton sac à dos ne ferme plus depuis longtemps...)
Dans le fond on les comprend. C'est la basse saison, le touriste est rare et la concurrence est rude (vous me direz, je ne suis jamais venue en haute saison, ce n'est peut-être pas mieux). Je ne pense pas me tromper en disant qu'en proportion, il y a au moins 10 chauffeurs de touk-touk pour un touriste. Ça n'empêche que la forme est horripilante. Est-ce que je me balade dans la rue en scandant: « Bonjour Monsieur, cours de français? », moi?! Non, et pourtant c'est la crise chez nous aussi et les élèves se font rares. Alors?!
Une suggestion à ceux qui prévoient un voyage en Asie du sud-est: avant de partir, faites-vous imprimer un tee-shirt « NO TUK-TUK ».
Ceci dit, à la plus grande surprise de l'heureux élu habitué à se prendre 99,5% de râteaux (je ne pense pas exagérer les proportions), nous disions quand même oui 2 fois par jour, pour descendre en ville et remonter à l'hôtel.
Nous avons commencé par jeter un coup d'œil au Wat Phnom: le « temple de la colline ». Entre nous, ceux qui ont trouvé le nom ne se sont vraiment pas foulés. Je vous épargne la photo ratée de la façade pour vous montrer ce que j'ai préféré:
-les lions qui font bronzer leurs cuculs bien roses sur les côtés de l'escalier qui monte au temple. Attention aux coups de soleil les gars, ça ne pardonne pas!
-la gogo danseuse avec les biffetons dans le soutif à côté de Bouddha qui fait celui qui ne voit rien.
-l'adoration d'une divinité à lunettes et bijoux (zoomez, ça vaut le coup) que nous n'avons pas réussi à identifier vu que personne ne speakait English (encore moins français)
Nous nous sommes ensuite dirigées ver le palais royal, où il ne me manquait qu'un pistolet et un chat pour avoir 100% tout faux.
Le roi (qui n'a pas daigné montrer le bout de son nez, le rustre) y réside avec pas moins de 500 serviteurs...
un des plus grands bâtiments, avec un toit typiquement khmer, paraît-il.
charmantes petites bicoques
des moines venaient égayer les allées de leurs toges colorées.
Par contre on peut voir le portrait de la Reine Mère à chaque coin de rue.
A côté du palais, la pagode d'argent. Je n'ai que des contre-jours sans intérêt, si vous voulez des belles photos je suis sûre que vous pouvez en trouver en pagaille sur Google.
Mais par contre, le buisson-théière dans le jardin de la pagode, c'est en exclusivité sur mon blog, vous ne le verrez nulle part ailleurs! (si je ne m'abuse).
La journée du lendemain fut lourde aux niveaux météorologique et psychologique. Nous avons commencé par la visite d'un ancien camp d'extermination des Khmers Rouges, les « Killing Fields » de Choeung Ek, à 15km au sud de la ville.
Des milliers de personnes y ont été exécutées entre 75 et 79.
Le musée propose un film et une exposition qui montre entre autres les instruments utilisés pour massacrer les gens: haches, serpes, machettes, tout l'outillage de la jardinerie y passe, toujours par souci d'économie de précieuses balles. Une horreur..
Le plus impressionnant reste la visite des killing fields en eux-même, qu'on pourrait prendre pour une charmante petite prairie toute calme si on ne savait pas ce qui s'y était passé.
A la place des charniers, des petits cratères d'un ou deux mètres de profondeur, certains étant remplis d'eau. On pourrait presque croire que c'est naturel. Ça et là on peut encore voir des petits morceaux d'os et vêtements, ramenés à la surface par les pluies. Tiens, un bel arbre centenaire. En lisant le panneau qui y est accroché, on apprend que c'est là-dessus qu'on explosait la tête des bébés. Pourquoi les bébés? Pour éviter les représailles plus tard. Futés les Khmers Rouges. Une telle barbarie dépasse l'entendement.
A l'entrée, un stupa (monument funéraire bouddhiste) dans lequel sont stockés sur 9 étages les ossements des 9000 personnes exhumés des charniers ainsi que leurs vêtements.
Nous avons continué sur notre triste lancée avec la visite du musée Tuol Sleng, dans un quartier résidentiel très calme de Phnom Penh. Sous le régime de Pol Pot, cette ancienne école a été transformée en prison (la « S-21 ») où étaient consciencieusement torturés les opposants avant d'être envoyés aux killing fields.
De l'extérieur, c'est un simple bâtiment tout moche, comparable à bien des collèges ou lycées.
En regardant de plus près, on s'aperçoit qu'il est couvert de fils barbelés (pour empêcher les prisonniers de se suicider en sautant du balcon). Quand on rentre à l'intérieur, on est fasciné par la capacité des Khmers Rouges à rentabiliser l'espace.
Seuls les tableaux même pas effacés appuyés contre un mur rappellent l'ancienne fonction du bâtiment.
A l'entrée, un panneau profère une interdiction originale mais superflue:
Quand on pense que tous les Cambodgiens âgés de plus de 31 ans ont vécu de près ou de loin cette époque, on les considère avec encore plus de respect. On ne peut s'empêcher de se demander combien de membres de sa famille cette vieille dame, là-bas, a perdu durant ces 4 années. Étant donné qu'un tiers de la population a été décimé à cette période, il est très improbable que sa famille ait été complètement épargnée. Le livre que j'ai lu pendant notre semaine au Cambodge, « first they killed my father » (eh oui je pousse la coquetterie jusqu'à assortir mes lectures aux pays que je visite) a contribué à me faire comprendre de l'intérieur ce qu'il s'était passé, rendant ces visites encore plus éprouvantes. Je vous le conseille d'ailleurs, il existe aussi en version française (d'abord ils ont tué mon père, de Loung Ung).
Après cette macabre journée, le chien de la coiffeuse a réussi l'exploit de nous arracher un éclat de rire:
Tu vois Anke, il y a pire que toi...