Posté par lediazec le 1 juillet 2010
Les juillettistes vont se déverser dans l'embouchure du fleuve de l'insouciance estivale. En voiture, par le train, en avion ou en auto-stop, une nuée de sauterelles va s'abattre en Mongolie intérieure avec un seul objectif, trouver pitance. Ça va se bouger pour oublier ce qui ne tardera pas à nous rappeler que la pompe à fric citoyenne est un puits qui en s'asséchant limite l'horizon de nos envies en accentuant la frustration et la précarité. Un petit tour, vite fait, juste de quoi recharger les accus avant de revenir à la case départ : boulot, chômage, mal de vivre…
Comme tous les ans, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, c'est le moment choisi par les gouvernants pour nous préparer au pire en nous annonçant le moins bon. Pendant que, les pieds en éventail sous les parasols, nous tentons de colmater les béances d'une vie quotidienne nivelée par le bas, le gouvernement s'active en coulisse. En vérité, tout est déjà prêt depuis le printemps. Les cartons sont pleins de mauvaises nouvelles. C'est la tonte avant la transhumance. Le pire est déjà là : gaz, électricité, trains et autres besoins domestiques, faisant boule de neige, vont connaître une hausse habituelle, mais impitoyable. Les cordons de la bourse n'ont plus rien à serrer que la ceinture du citoyen. C'est la mort sans crédit.
De quoi refroidir les esprits les plus entreprenants. Ne comptez pas sur les banquiers pour jouer du découvert comme nous en avons pris l'habitude, dès lors que nous jouons aux cigales sur le bord des plages, en nous disant : je verrai ça à la rentrée… Les taux usuriers pratiqués par nos banquiers pour nos découverts bancaires sont de nature à décourager les plus intrépides.
Après le rire, viennent toujours les larmes. La vie à crédit c'est la mort de l'indépendance de l'esprit. Le piège absolu vers lequel court une société tournée vers la consommation à outrance.
A grands coups de campagnes médiatiques et de compromissions on tue l'esprit subjectif du citoyen et du pays. En plein dans le débat sur les retraites, on oublie le débat et les retraites pour créer une commission d'enquête sur le fiasco des bleus au mondial du foot. Le rien se nourrissant dans le néant ! La Bachelot, ministre de tutelle, s'épanchant sur le sujet, riboulant des orbites comme une possédée, culpabilisant ces sénateurs du ballon rond, oublie ou cherche à faire oublier sa gestion du vaccin H1N1, au moins aussi calamiteuse que les prestations des bleus sur le rectangle vert sud-africain.
Toujours dans le cadre du sommeil des masses, le Conseil de ministres annonce 150 mesures pour réduire son budget. Que les esprits sardoniques s'abstienne de tout commentaire, por favor ! En langage vulgaire, à destination du blaireau ordinaire, cela se traduit ainsi : désormais, nos ministres ne pourront plus se déplacer, ni dépenser les deniers de la nation de manière dispendieuse. Cela se fera en toute discrétion, dans le consensus. Ceci me fait penser à l'histoire du voleur pris la main dans le sac, sa seule erreur résidant dans le fait de s'être fait prendre. Jusque-là, il était un citoyen honorable.
Le Chef de l'exécutif, montrant l'exemple, a décidé d'annuler la garden-party à l'occasion de la Fête nationale. Tout un symbole !
Nous ne pourrons pas voir le couple Woerth recevant des salutations solidaires de la part des invités pour cette triste et lamentable histoire de « conflit d'intérêts » mettant à mal son intégrité morale et celle de sa famille politique. Je ne dirai rien sur l'ambiance au sein du couple à ce propos. Il aura tout vu, cet homme honnête, guidé par le seul souci de servir le pays. Malgré tout, il lui reste une consolation : aucun article de la Constitution française, aucune loi, aucun décret ne précise la notion de conflit d'intérêt. Ouf ! Pour moins que ça, en Angleterre, n'importe quel ministre présente sa démission dans les 24 heures. Mais nous sommes en France et la France sait défendre ses puissants. Cela dit, le Conseil de l'Europe définit cette histoire de conflit d'intérêts comme une sorte de champignon vénéneux dont il faut se garder et suggère qu'il est incompatible « d'avoir un intérêt personnel de nature à influer sur l'exercice impartial et objectif de ses fonctions officielles ». En clair, cela signifie que quand on a une tête, il est difficile de porter en même temps plusieurs casquettes. Sauf si, comme l'hydre de Lerne, nous sommes pourvus de plusieurs.
Hercule a du boulot sur la planche !