Il y a des situations qui ne changent pas. C'était déjà le cas il y a 15 ans, c'est encore vrai en 2010 : le système de santé américain, très largement privatisé, est à la fois le plus couteux et le moins performant.
En tout cas parmi les sept pays étudiés par le Commonwealth Fund, une fondation américaine consacrée aux problèmes de santé (voir leur étude et leur tableau synthétique). La France ne figure pas dans le classement car certaines données n'étaient pas disponibles.
Les Etats-Unis ont donc sur tous les indicateurs, sauf un, le plus mauvais rang et ceci pour un coût annuel par habitant qui est presque le double du deuxième pays le plus cher après eux.
Pourquoi ? Pour faire vite, parce que l'assurance n'est pas obligatoire et qu'elle est chère (il faut nourrir à la fois le personnel administratif des assureurs mis en concurrence et leurs actionnaires).
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Pendant ce temps, en France, la fédération des hôpitaux privés fait une campagne de publicité démagogique nommée "mission sauver la sécu !" On sait qu'il s'agit en effet certainement du souci prioritaire des cliniques et hôpitaux privés.
Ils mettent en avant un coût de prestations moins élevé dans l'hôpital privé que dans l'hôpital public. Forts de cette "performance", ils réclament d'être mieux payés.
Le blog du personnel de l'hôpital de Tarare réplique à ces calculs... d'apothicaires :
"La Fédération hospitalière de France (FHF) s’emploie dans un communiqué à battre en brèche « les contrevérités » et rappelle en particulier que « l’hôpital public ne sélectionne pas ses
patients », que « les coûts des cliniques commerciales sont sous-évalués » (notamment parce qu’ils n’incluent pas les dépassements d’honoraires des médecins plus de 2 milliards d’euros en
2008(2)) et qu’« hôpitaux et cliniques n’ont ni les mêmes contraintes, ni les mêmes missions(3) ».
In cauda venenum, la FHF finit sa démonstration en faisant valoir que « contrairement à l’idée trop souvent véhiculée, la part des dépenses d’assurance-maladie consacrée à l’hôpital n’a fait que
baisser depuis 20 ans, passant de 42 à 34 %, alors que la dérive des dépenses d’assurance-maladie a eu lieu en ville en l’absence de tout mécanisme de régulation ».
Ce qui n’est pas dit non plus c’est que les cliniques ne s’installent que là où il y a suffisamment de monde pour mettre en place une organisation rentable : alors oui aux cliniques mais bonjour
au déserts sanitaires."