SPLICE de Vincenzo Natali

En deux films chocs déjà, Cube et Cypher, Vincenzo Natali avait débuté son exploration dérangeante de thématiques riches et bourrées de complexité: réel et virtuel, dualité de l’âme humaine et dérives des technologies. Avec ce Splice, étonnant de violence psychologique, il pousse le bouchon encore plus loin, pénétrant en des territoires inconnus et non explorés auparavant, étreignant l’horreur à bras le corps. Soit l’histoire terrifiante d’un couple de scientifiques qui accouche d’une créature hybride femelle, en point de départ d’une formidable réflexion sur le conflit entre bestialité et humanité, nature et manipulations génétiques, innocence et vice. Doublé d’une confrontation grandeur nature aussi perturbante que percutante avec les complexes d’Œdipe et d’Electre, Natali dépasse toutes les barrières du politiquement correct accumulant les provocations à l’écran, prouvant ainsi tout à la fois son courage pour aller jusqu’au bout de son concept et des questions qu’il soulève (éthiques, morales, psychologiques) et sa confiance absolue en son propos, clair, jusqu’au-boutiste, passionnant. Comme dans Cube, l’innocence est portée aux nues, devenant arme destructrice lorsqu’elle se retourne contre les (vrais) agresseurs. Comme dans Cypher, l’expérience humaine est totale, empruntant à Cronenberg le goût pour les atmosphères froides et la fascination pour la métamorphose de l’humain. Quels sont les monstres dans cette œuvre foisonnant d’idées troublantes et d’une imagerie malsaine? Interdisant toute réponse et balloté dans des eaux déchaînées et déplaisantes, le film ne fait preuve d’aucune empathie pour les figures qu’il oppose, physiquement, sexuellement, psychiquement: l’animal et l’humain, le masculin et le féminin, l’ange et le démon.