Je n’écris en général pas de billet ici sur les expositions auxquelles j’ai, même modestement, participé d’une manière ou d’une autre; mais je ne peux que vous inciter à aller voir l’exposition des photographies que Valérie Jouve a rapporté d’un séjour d’un an en Palestine, au Centre Pompidou jusqu’au 13 septembre. Ce n’est en rien un travail basiquement militant, ni un reportage sur le conflit, ni même sur la vie quotidienne sous l’occupation (comme ces images du silence); mais, dans ces contextes, tout travail, tout point de vue est nécessairement politique. Valérie Jouve montre à l’accoutumée des territoires, des villes de Palestine, Jérusalem, Naplouse, des collines si reconnaissables, et des personnages qui y vivent, qui s’y inscrivent, qui habitent ces paysages, qui en éprouvent les limites. Et c’est déjà beaucoup de dire que ce pays existe, survit, ne se laisse pas anéantir, coloniser, et c’est aussi cela qui transparaît de ce travail.
Venue d’Occident, elle adopte ici une approche plus lumineuse, plus douce et pudique, plus orientale sans doute. On sent là, plus fortement que dans son travail passé en France, une affectivité, une soif de découverte, un engagement quasi physique dans ce nouveau monde. La mise en espace de l’exposition nous mène du chaud au froid, du fermé à l’ouvert; la petite salle centrale avec son enroulement de murs, ici en parpaings pauvres, là en pierre antique de Jérusalem, et là en béton monstrueux, en est le coeur vibrant.
Valérie Jouve étant représentée par l’ADAGP, les photos seront retirées à la fin de l’exposition. Sans Titre (Les Murs), 2008/2010, C-Print, 100 x 130 cm, détail d’un triptyque de 100 x 390 cm; Courtesy Galerie Xippas et Centre Pompidou.