"Coller"des petits morceaux de papier colorés sur un mur invisible, des débris de verre colorés. Ni au ciel, ni sur Terre, simplement sur ces murs qui ne sont rien, qui ne sont pas vus des autres, qui ne sont que constitutifs d'une âme. Notre âme. La vie véritable, l'amitié, l'amour, la mort, collés enfin comme de petits cerfs-volants jouissifs, tenus par notre main. Rien ne doit toucher le sol. Rien ne doit s'échapper au ciel. Rien n'est fixé définitivement pourtant. Tout peut se décoller, à volonté. Drame des choses tenues au sol si elles veulent être possédées ou échappées au ciel si elles veulent être libérées d'une apparente captivité, si on veut aussi les voir partir trop haut et jubiler de ce départ. ..
Faire un vitrail multicolore des parois invisibles de nos vies. Se régaler de l'instant présent, le boire, le bénir, hop ! Il n'est plus, hop ! Il est là à nouveau. Mur invisible et flamboyant de toutes nos amours, de toutes nos vivantes espérances.
Exemplaire Ryôan-ji. Tout est tenu dans un espace apparemment limité. Ainsi est la vie sur laquelle glisse l'illusion, glisse la souffrance, glisse la veine joie, la veine souffrance. Sur lequel se fixe la réalité, l'unique nécessaire. Instant présent. Regard ouvert sur la lumière fulgurante multicolore et fragmentée contenue en soi, contenue en l'autre, enfin aperçu, heureusement reconnu.